Une réforme nécessaire, menée tambour battant

Durant les «?Trente glorieuses?» et jusqu'aux années 1980, on augmentait les retraites sans se soucier du financement du futur. Mais rattrapé par le vieillissement de la population, le système français - dans lequel les cotisations des actifs financent les pensions des retraités et pèsent 13?% du PIB - s'est rapidement trouvé confronté à un inexorable déséquilibre. On est en effet passé de 4 cotisants pour 1 retraité en 1960, à moins de 2 en 2006 et 1,6 prévu pour 2030?!Dans le même temps, le taux de remplacement (c'est-à-dire le pourcentage de votre salaire dont vous disposerez en partant à la retraite) est tombé à 53,3?%, le taux le plus bas en Europe, mis à part l'Allemagne (43?%) ou aucun déficit n'est possible. Des déséquilibres qui ont débouché sur trois réformes en 1993, 2003 et 2008, et un plan Juppé avorté en 1995.Qu'il faille aujourd'hui bouger les curseurs tout le monde en convient. Mais nul ne sait vraiment si la réforme assurera la pérennité du système au-delà de 2018?: la Caisse Nationale d'assurance vieillesse (Cnav) n'estime-t-elle pas que le régime des retraites sera encore en déficit de 4?milliards d'euros en 2018 malgré la réforme??Parmi les différents curseurs (pensions, cotisations, âge de départ et de taux plein pour les principaux), ce sont uniquement ceux de l'âge qui ont en effet été utilisés?: deux limites d'âge ont été repoussées de deux ans. L'âge de départ à la retraite est porté progressivement de 60 à 62 ans en 2018. Mais comme au fil des ans, le nombre de trimestres cotisés exigé pour obtenir une retraite sans décote a augmenté, la borne de la fameuse retraite à taux plein de 65 ans a elle aussi été repoussée de deux ans à 67 ans en 2023.Bouclé à l'Assemblée le 15?septembre dans un climat électrique, le texte est maintenant entre les mains des sénateurs. Qui ont commencé son examen en séance publique le 23?septembre, une journée de mobilisation syndicale. Il reste très peu de marge à la Haute assemblée pour amender le texte sur la pénibilité et sur le statut des femmes notamment?: une bonne occasion de réduire les inégalités hommes-femmes criantes imposées par le marché du travail. F. P.
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