« Il faut être très attentif aux premiers signes de difficulté des emprunteurs »

Vous voulez lancer une offre de crédit à la consommation responsable. Comment comptez-vous vous différencier ?En restant fidèles aux fondamentaux stratégiques de La Banque Postale. L'accessibilité, d'abord : pour qu'un maximum de gens aient accès au produit, nous proposerons un crédit amortissable à partir de 1.500 euros. Les banques traditionnelles sont peu enclines à accorder des crédits amortissables sur des petits montants. Les tarifs, ensuite : ils seront dans la moyenne basse du marché, comme pour tout ce que nous faisons. La simplicité, la clarté, la transparence, enfin : nous allons remettre au client un véritable mode d'emploi du crédit à la consommation. En ce domaine, on n'a jamais été si loin dans la pédagogie. Qu'allez-vous mettre en oeuvre pour prévenir le surendettement ? Lorsque la ministre de l'économie, Christine Lagarde, a donné l'autorisation à La Banque Postale de faire du crédit à la consommation, elle a attiré notre attention sur le problème du surendettement. Une fois sur quatre, celui-ci est dû à une mauvaise appréciation de la solvabilité de l'emprunteur au moment de la souscription du crédit. Nous serons extrêmement vigilants. Nous cherchons à apprécier au mieux les revenus et les charges du demandeur, afin d'évaluer au mieux ce que l'on appelle le « reste à vivre ». Il n'est jamais souhaitable de faire courir un risque au client, dans son propre intérêt. Et les trois autres cas de surendettement sur quatre ?Il s'agit d'accidents de la vie. Il ne s'agit alors plus de prévention mais de gestion du surendettement. Pour éviter que les situations ne s'aggravent, il faut être très attentif aux premiers signes de difficulté et contacter le client le plus tôt possible pour voir avec lui s'il s'agit d'un problème temporaire ou structurel. Les crédits à la consommation de la Banque Postale seront modulables en cas de difficulté de l'emprunteur. Cette souplesse pourra par exemple se traduire par un rééchelonnement, un allongement de la durée de vie du prêt, et même une suspension des échéances pendant une certaine période. De plus, chaque année, nous proposerons à l'emprunteur de faire un point sur sa situation, s'il le souhaite. Enfin, dans les cas les plus difficiles, nous orienterons à nos frais les clients multi-endettés vers l'association Cresus afin qu'ils bénéficient d'un accompagnement. Nous sommes actuellement la seule banque à avoir prévu cela. « Un crédit pour les moments importants, pas pour les envies du moment » : votre slogan n'est-il pas un peu moralisateur ?Un établissement bancaire ne doit pas être moralisateur. En fait, ce que La Banque Postale ne veut pas, c'est que le crédit devienne un mode de vie. Dans certains cas, il est de notre devoir de dire « non ». L'intérêt de la banque et du client se rejoignent. C'est simplement du bon sens, mais par notre position claire, nous rappelons ce que le crédit à la consommation n'aurait jamais dû cesser d'être. Sera-t-il possible de souscrire un crédit sur Internet ?Oui, la Banque Postale veut être totalement « multicanal », et elle dispose des systèmes informatiques les plus avancés pour cela. Concrètement, cela signifie que les clients de La Banque postale pourront remplir un dossier et obtenir un accord de principe sur Internet. Leur demande sera ensuite validée sous réserve de l'envoi de leur dossier complet. Proposerez-vous un jour du crédit renouvelable ? Le crédit à la consommation est un vrai service au client. Pour l'instant, notre offre s'articule autour de la souscription de crédit amortissable, ainsi que du rachat, du regroupement et de la restructuration de crédits. Le débat a lieu actuellement à l'Assemblée Nationale pour fixer un nouveau cadre législatif. Mais bien utilisé, le crédit renouvelable est un service utile ; il n'est pas condamnable en soi. C'est l'usage qui en est fait qui doit être maîtrisé. Le projet de loi Lagarde de réforme du crédit conso va-t-il assez loin, selon vous ?Il faut organiser la protection du consommateur mais il faut rappeler que le crédit est un véritable soutien à l'économie. 10% de la consommation et deux tiers des voitures, sont payés à crédit. Comme tous les outils, c'est quand il n'est pas pratiqué de façon responsable que le crédit à la consommation peut être dangereux. Que pensez-vous du fichier positif ?Nous sommes favorables à tout ce qui peut permettre de lutter contre le surendettement. Nous sommes donc favorable à l'instauration d'un fichier positif. Quel est votre objectif en termes de part de marché ?à moyen-long terme, c'est-à-dire dans 5 à 10 ans, nous visons une part de marché de 5 % à 6 %, ce qui correspondrait, à dix ans, à un encours de prêts à la consommation d'environ 10 milliards d'euros. Nous nous étions donné le même genre d'objectifs lorsque nous nous sommes lancés dans le crédit immobilier et en 2009 nous sommes arrivés à une part de marché de 8 % sur les nouveaux crédits et de 5,3 % sur l'encours total. n La souplesse pourra se traduire par un rééchelonnement, un allongement de la durée, et même une suspension temporaire des échéances. »
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