Ensemble, les groupes paritaires de prévoyance Mornay, D&O (ex-Dumas et Orepa) et Apgis auraient approché le milliard d'euros de chiffre d'affaires en assurance en 2011. Leur rapprochement devait être validé ce mardi 12 octobre par les trois entités. C'était sans compter les rebondissements et changements d'alliance fréquents dans le monde paritaire gouverné par les représentants des syndicats patronaux et salariaux des branches professionnelles.

Fin septembre, « La Lettre de l'Assurance » avait révélé que l'Apgis (Association de Prévoyance Générale Interprofessionnelle des Salariés) était en discussion pour rejoindre le groupe mutualiste d'assurance Covéa qui rassemble déjà la Maaf, MMA et la GMF. L'existence de négociations a été confirmée par les protagonistes. La même Lettre de l'Assurance révèle cette semaine que le conseil d'administration de l'Apgis a décidé le 11 octobre de ne pas se regrouper avec D&O et Mornay, et demandé à sa direction de chercher une autre solution.

Pour Covéa, l'arrivée de l'Apgis « serait l'occasion de développer une activité en assurances collectives », souligne Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet conseil Facts & Figures, constatant que le groupe mutualiste a quitté ce marché des contrats d'assurance santé et prévoyance collectifs en vendant ses parts dans la coentreprise Quatrem. Pour l'Apgis, la perspective d'entrer chez Covéa garantirait une certaine indépendance. « Covéa sait garder un espace de liberté pour chacune de ses composantes », estime Cyrille Chartier-Kastler.

« Usine retraite ».

Avec 340 millions de cotisations d'assurance encaissées en 2009, l'Apgis se sentait un peu écrasée par D&O avec lequel elle partage des moyens depuis 2007 au sein du groupement baptisé Prisme. Or si la taille globale de D&O est beaucoup plus grande avec 2,6 milliards d'euros de cotisations, la part de l'assurance dans ce total reste modeste (210 millions d'euros) ; les 2,4 milliards restants sont des cotisations retraite complémentaire Agirc-Arrco.

Comme l'Apgis est une institution de prévoyance non affiliée à une caisse de retraite complémentaire - contrairement à la plupart de ses homologues - elle n'a pas à passer sous les fourches Caudines des fédérations Agirc et Arrco qui sont le plus souvent à l'origine des rapprochements entre groupes de prévoyance dans le but de constituer une « usine retraite ».

Ce sont d'ailleurs ces fédérations qui ont fait pression pour aboutir au rapprochement D&0 et Mornay, malgré leurs partenariats préexistants. Après deux ans de discussions, ce projet de fusion d'ici l'été 2011 devait être entériné ce mardi par les organes de tête des deux groupes. Mais en raison de la grève, les réunions sommitales ont été reportées à la semaine prochaine.