L'accession à la propriété concerne de plus en plus les hauts revenus

Les disparités de revenus, doublées de l'envolée des prix immobiliers dans certains départements, se traduisent par une fracture immobilière.
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Nouveau cri d'alarme sur la situation du logement en France. Il n'est pas le fait des associations d'aide aux plus démunis mais de l'Institut de l'épargne immobilière et foncière (IEIF), moins attendu sur ce terrain. « Dans certains départements - à Paris en raison principalement de la hausse des prix, en Seine-Saint-Denis, dans le Val-d'Oise et dans les Bouches-du-Rhône parce que les revenus ne suivent pas -, l'accession à la propriété d'un logement appartient aujourd'hui, pour la majeure partie de la population qui y vit, au monde des chimères », martèle Gilbert Emont, conseiller senior à l'IEIF. Au point qu'il existe selon lui, un phénomène « d'inaccession à la propriété » liée à l'attractivité socio-économique de certains territoires, ainsi qu'à l'insuffisance dans ces mêmes territoires de la construction de logements neufs, qui a pour corollaire une hausse des prix des logements nettement plus rapide que l'évolution du coût de la vie et une survalorisation du patrimoine de seconde main.

Baisse du taux de propriétaires

« Contrairement à l'idée bien reçue selon laquelle le taux de propriétaires progresse en France, le taux de propriétaires a progressé seulement parmi les ménages à hauts revenus au cours des vingt dernières années, soit de juin 1989 à juin 2007 », explique Gilbert Emont. Pour les classes moyennes, le taux de propriétaires a connu une nette augmentation dans la décennie antérieure (en passant de 45 % à 54 %) mais n'a plus progressé jusqu'en 1995. Il a ensuite chuté et, en dépit d'un rebond de 2001 à 2004, s'est établi à 46 % en 2007, au même niveau que vingt-sept ans auparavant ! Quant au taux de propriétaires parmi les bas revenus, qui était de 46 % en 1980, puis était monté à 51 % en 1989, il a chuté régulièrement et, en dépit d'un léger rebond de 2001 à 2004, n'était plus que 33 % en 2007.

Au-delà, la fracture sociale commence à susciter une véritable fracture immobilière, surtout dans les zones où le déficit de logement est criant comme l'Ile-de-France. Ainsi les écarts de revenus en Ile-de-France n'ont cessé de s'accentuer entre 1997 et 2007 au point que les distorsions en terme de revenu net imposable moyen par ménage entre Paris (51.075 euros) et la Seine-Saint Denis (28.539 euros) atteignent 80 % contre 50 % en 1997. En province, les disparités sont bien moindres à raison de 30 % entre la Haute-Savoie et le Nord.

moins de 50 % des ménages capables d'acheter

Quoi qu'il en soit, une fracture immobilière, liée à l'insuffisance de la construction de logements, se fait jour. L'écart entre le prix des appartements anciens et les revenus des ménages n'a cessé de se creuser. « En 2007, à peine plus de 20 % des ménages pouvaient acheter un bien immobilier au prix moyen du marché de leur zone de résidence à Paris et seuls 25 % dans le Val-de-Marne, dans les Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis », note Gilbert Emont. En province, notamment en Gironde, en Haute-Garonne, dans le Rhône, les Bouches-du-Rhône et dans le Nord, le pourcentage était de « moins de 50 % » avec « des situations explosives en Gironde et dans les Bouches-du-Rhône après sept ans de flambée des prix. Le secrétariat d'État au logement a du pain sur la planche.

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