Vive inquiétude des banques réunies à Francfort

Le patron de Deutsche Bank compare la situation avec la crise de septembre 2008 et critique l'alarmisme de Lagarde.
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Le patron de la Deutsche Bank ne s'est guère montré rassurant sur l'état du système financier mondial ce lundi en ouverture de la conférence annuelle sur l'activité bancaire organisée par le « Handelsblatt » à Francfort. Celui qui est également le chef de l'institut de la Finance internationale (IIF), le « lobby mondial » de la banque, a en effet comparé la situation actuelle à celle qui a précédé, voici trois ans, la faillite de Lehman Brothers et la récession.

Les raisons de ce souvenir ? Principalement, la situation sur les marchés. « Depuis le début de l'année, de nombreuses banques européennes ont perdu au moins un tiers de leur capitalisation boursière », a remarqué Josef Ackermann. La volatilité et l'incertitude sont, selon lui, devenus la « nouvelle normalité ».

Certes, le banquier de nationalité suisse a tempéré son propos : le secteur d'aujourd'hui est « mieux capitalisé » et « moins dépendant des sources de liquidité à court terme » qu'à l'automne 2008.

Le premier banquier allemand a, du reste, blâmé ouvertement Christine Lagarde. Selon lui, les appels de la présidente du FMI à une recapitalisation massive du secteur bancaire européen ne sont « pas d'un grand secours », mais sont surtout « injustifiés ». Et si « il est notoire que de nombreuses banques européennes ne pourront pas supporter le choc d'une dépréciation des obligations d'État qu'elles détiennent à leur valeur de marché », l'alarmisme de l'ancienne ministre française de l'Économie pourrait conduire à aggraver la crise de la dette souveraine et la méfiance des investisseurs envers le secteur bancaire. Il a du reste sur ce point été soutenu un peu plus tard par Andreas Dombret, membre du directoire de la Bundesbank. La question de la dette des États et la régulation sont pour le banquier allemand les deux éléments qui vont peser sur la croissance des banques.

Josef Ackermann n'a d'ailleurs pas exclu, concernant Deutsche Bank, la mise en place, si la crise sur la situation sur les marchés « ne se normalisait pas en octobre ou en novembre » d'un plan d'économies. Celui-ci pourrait, selon la presse allemande, atteindre 2 milliards d'euros.

Responsabilité sociale

Plus généralement, celui qui devrait quitter ses fonctions en mai a invité le secteur à la réflexion sur sa responsabilité sociale. Craignant que la réponse aux questions des citoyens sur la finance soit laissée à l'initiative des seuls politiques, Josef Ackermann, qui, en 2007, réclamait de son groupe une rentabilité des capitaux propres de 25 %, a affirmé que le secteur « doit s'interroger en profondeur pour savoir s'il réalise correctement son devoir au service de l'économie réelle ».

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