En panne de liquidités, les banques misent sur les « obligations sécurisées »

Les établissements européens ont d'ores et déjà émis 160 milliards d'euros de ces titres bénéficiant d'une double garantie, et la tendance s'est accélérée en août.
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Les tensions extrêmes que subit le secteur bancaire poussent les établissements financiers à modifier leurs sources de financement en privilégiant les obligations « sécurisées » (« covered bonds » en anglais). Habituellement très calme, le mois d'août a vu les émissions de ces titres bénéficiant d'une double garantie (celle des prêts immobiliers ou aux collectivités territoriales auxquels ils sont adossés et celle de la banque émettrice) quasiment tripler sur un an, à 17,3 milliards d'euros.

La panique généralisée qui s'est emparée des investisseurs concernant la santé des banques européennes a en effet eu pour conséquence d'accentuer la différence de rémunération exigée par les investisseurs. Selon les indices Merrill Lynch, la prime de risque exigée pour détenir des obligations non sécurisées plutôt que les « covered bonds » a grimpé le 24 août jusqu'à 115 points de base (soit 1,15 point de pourcentage), son plus haut niveau depuis janvier 2010. Elle s'établissait à 101 points vendredi soir, soit le triple du niveau constaté début juillet.

Record en 2006

Depuis le début de l'année, les banques ont placé 160 milliards d'euros de titres dans le cadre d'émissions dites « benchmarks », c'est-à-dire supérieures à 500 millions d'euros. Dans le contexte d'arbitrage des émetteurs en faveur des « covered bonds », les opérations devraient se rapprocher, voire égaler, cette année le record de 190 milliards d'euros inscrit en 2006. Mais toutes les banques sont loin d'en profiter.

« Depuis cet été, nous avons observé qu'une seule émission italienne, celle d'UniCredit le 25 août, et aucun placement espagnol », souligne Cristina Costa, responsable des obligations sécurisées chez Natixis. La banque italienne a dû concéder une prime record pour une banque italienne de 215 points de base au-dessus du contrat de référence (« swap »). Un prix historiquement élevé pour ces instruments et qui correspondait à l'époque au taux d'emprunt de l'État italien. Alors que les banques italiennes et espagnoles avaient réalisé environ un quart des émissions au premier semestre, l'accès au segment des « covered bonds » leur est de plus en plus restreint.

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