Les mutuelles luttent contre la taxe santé

Alors que débutent les négociations sur les dépassements d'honoraires, elles affûtent leurs arguments.
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Chaque jour voit se développer de nouveaux arguments contre la taxe santé. À peine publié, le baromètre santé CSA pour Europ Assistance apporte de l'eau au moulin des mutuelles : il révèle que 29 % des Français déclarent avoir renoncé ou reporté des soins médicaux dans l'année écoulée en raison de difficulté financière, soit 11 % de plus que l'an dernier. Or les mutuelles n'ont de cesse de dénoncer l'augmentation de la taxation des complémentaires santé depuis 2007 qui accélère les hausses de tarifs et fragilise les populations les moins favorisées. « Je ne pense pas qu'il y ait eu un autre segment d'activité dans notre économie qui ait subi une augmentation des taxes aussi significative », s'indigne Thierry Baudet, président de la Mutuelle générale de l'Éducation nationale (MGEN). Et d'ajouter, « je vais proposer au prochain conseil d'administration de répercuter dès 2012 la nouvelle taxe de 3,5 % sur l'assiette santé. En revanche, nous ne répercuterons pas les 12 millions d'euros perdu en 2011 dus à l'application de la nouvelle taxe le 1er octobre ». Pour sa part, La Mutuelle Générale, ancienne mutuelle de fonctionnaire devenue interprofessionnelle, prévoit d'augmenter ses tarifs de 8 à 10 % en moyenne. Mais la taxe n'en est que l'une des causes. Sans elle, il y aurait eu une progression comprise entre 4,5 % et 6,5 % due à l'inflation des dépenses médicales et au vieillissement des adhérents.

À ceux qui, parmi les parlementaires ou les ministres, estiment que les réserves abondantes des mutuelles leur permettraient de ne pas faire payer intégralement la taxe aux assurés, les mutuelles invoquent leur gestion prudente et leurs besoins d'autofinancement. Les « réserves, propriétés de leurs adhérents, répondent à des exigences de volumes de plus en plus lourdes. Selon une étude (...), la moyenne de la marge [des mutuelles] de solvabilité est de 354 % », indique Philippe Mixe, président de la Fédération nationale indépendante des mutuelles (FNIM). Pour un spécialiste du secteur, « le niveau de solvabilité souhaitable est sans doute entre 150 et 200 % de marge par rapport aux exigences règlementaires pour une mutuelle qui ne ferait que de la santé ». Mais ce niveau peut dépasser 300 % dès lors que la mutuelle pratique aussi des risques longs comme la prévoyance ou la dépendance. Alors que débute ce mardi 4 octobre les négociations sur les dépassements d'honoraires entre la Sécu et les complémentaires, les mutuelles afûtent leurs arguments pour obtenir cette fois des contreparties à toute augmentation de la charge des remboursements.

 

 

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