Désignant un mobilier particulier, le mot commode aurait été utilisé pour la première fois en 1708 et la légende veut que ce soit André Charles Boulle, l?ébéniste de Louis XIV qui en serait le créateur, faisant de ce meuble à quatre pieds et tiroirs le remplaçant du coffre du Moyen âge et du bahut de la Renaissance. Ce sont les «commodités», des tiroirs en façade, qui lui ont donné son nom.
Rares sous Louis XIV, les commodes sont particulièrement nombreuses dans les époques Louis XV, Transition et Louis XVI, s'estompent à la Révolution pour réapparaître à la fin de l?Empire, disparaître vers 1900, ne revenant à la mode que dans les années 1940 gainées de galuchat. Aujourd'hui, elles sont délaissées à nouveau par les jeunes générations. D'où des prix particulièrement attractifs.
Vers 1740, la suppression de la traverse médiane donne au meuble une surface homogène permettant des décors travaillés, avec des matériaux souvent exotiques, des marqueteries en mosaïque, des bronzes sophistiqués, des laques précieuses. Sous Louis XV, l?ornementation très apparente est figurative, avec des dorures imposantes. Le style Louis XVI est plus sobre avec de fines baguettes de cuivre et ajouts de porcelaine et progressivement, les pieds deviennent toupie, avec des formes en demi-lune. Avec la période napoléonienne, les meubles s?alourdissent de décorations et les marbres de couverture sont taillés à angle droit. Après la Restauration, le bois s?éclaircit puis l'on retrouve des formes à trois tiroirs aux minuscules poignées.

La commode a eu immédiatement un succès fou

Son succès a fait des commodes le mobilier le plus couramment copié. Il faut donc être très attentif, car les prix peuvent varier du simple au centuple. Ainsi, l?estampille obligatoire depuis 1743, donne au meuble une valeur très importante, notamment pour quelques signatures (Riesener, Carlin, Leleu, Gérard, Delorme, BVRB, Carel, Boulle,..). Le choix d'une commode de qualité demande quelques notions: un meuble qui n'a pas été réalisé à l?époque est dit «dans le style de ?.», une appellation pas toujours controlée. Par exemple, l?acajou, bois rouge sombre, n?a pas été importé entre 1806 et 1840 et a été remplacé par d?autres essences teintées. Il faut aussi s?attarder au travail de montage, car si la façade était toujours soignée, le dos ou certaines parties internes ont été parfois bâclées. De même, les arrêtes des tiroirs: plus les découpes (ou queues d?arondes) sont nombreuses, plus le meuble s?avère récent. Enfin, comme pour tout mobilier en bois ancien, il faut enfoncer une épingle dans les trous: si elle s?y glisse tout droit, c?est que le châssis a été percé mécaniquement? donc récemment.

Très peu d'acheteurs professionnels dans les salles de vente

Certes, la commode la plus chère du monde, un modèle Riesener pour la bibliothèque de Louis XVI, a été vendue 10,73 millions d?euros et quelques modèles répertoriés peuvent dépasser le demi million d?euros. Ce n'est pas le cas des pièces plus courantes, même d?époque, qui sont aujourd'hui très abordables: une commode portant estampille d?un ébéniste moyennement réputé qui s?adjugeait entre 10 et 15.000 euros il y a dix ans, ne vaut plus aujourd?hui que la moitié, voire moins. Même constat pour les commodes plus courantes, passées de 5.000 à 1.500 euros. Moindre qu'un meuble contemporain de grande série. Car s?il y en a toujours autant de proposées dans les ventes, il y a très peu d'acheteurs, y compris professionnels. Il y a donc des affaires à faire, et ce dans les innombrables vacations, notamment en province, par exemple cette semaine, ,le 21 à Orléans, le 22 à Nancy, le 24 à Montpellier, le 25 à Coulommiers, le 26 à Marseille... etc...