Gallé, le verre Art nouveau

Emile Gallé est l'inventeur - notamment - de la marqueterie de verre Art nouveau. Un art en perte de vitesse. Les pièces uniques sont plus accessibles, les séries, voient leurs prix chuter. Mais attention: les faux pullulent.
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L'Ecole de Nancy, ville où nombre d'artistes se sont réunis pour fuir l'invasion allemande de 1870 est un mouvement basé sur la représentation de la nature, socle de l'Art nouveau qui a dominé les arts décoratifs de la toute fin du XIXème siècle. Le fédérateur et le plus prolifique aura été Emile Gallé (1846 - 1904). En 1898, il obtient un brevet pour l'invention de la technique de marqueterie de verre, procédé qui consiste en l'insertion dans la masse vitreuse à l'état pâteux, de fragments de verres d'épaisseurs et de couleurs différentes, cette superposition permettant d'obtenir une infinité de variations chromatiques. Un procédé qui permet des motifs très détaillés, le fragment de verre teinté ayant été préalablement découpé et gravé selon une forme déterminée.

En quelques années, l'usine Gallé inonde le marché de ses vases, pots, lampes, suspensions et autres flacons, reconnaissables à leur signature gravée. Si le maître a dessiné des centaines d'objets uniques, voulant démocratiser sa production, il a, en parallèle, fabriqué en quantités industrielles nombre d'exemplaires qui ont, des décennies durant, orné les cheminées des maisons bourgeoises de toute l'Europe et qui aujourd'hui sont religieusement présentés dans les vitrines des collectionneurs.

Les spécialistes distinguent cinq périodes Gallé : La première, de 1874 à 1884, est "Transparente", au verre translucide et aux signatures peu visibles, parfois inexistantes. Suivent, de 1884 à 1890 "L'Opaque" aux inspirations végétales, reconnaissable à la pâte de verre épaisse et aux signatures exubérantes et "L'Arabesque" de 1890 à 1893 aux décors plus simples de fleurs ou d'animaux ou de paysages japonisants, avec une verrerie laiteuse. Des modèles uniques répertoriés côtoient la production en série. Les premiers portent une signature à la main, les seconds ont un paraphe moulé à l'acide, uniforme avec la mention "Cristallerie". A la mort de Gallé, en 1904, la production s'intensifie, les créations sont quasi inexistantes. Enfin, jusqu'en 1931, l'usine, reprise par la famille, sort une production de série, reconnaissable à une signature accompagnée d'une étoile. Depuis de très nombreux moules ont été vendus, et d'innombrables faux circulent. Le nom Gallé a été redéposé en 1999, et la production est enfin protégée.

Très variée, très hétéroclite, très nombreuse, la verrerie Gallé a été victime de son succès, un succès qui perdure. Les grands collectionneurs limitent leurs acquisitions aux pièces uniques. Le record, 1,16 million d'euros obtenu en pleine période de spéculation en 1990 par un "Vase repos sans la solitude" à Tokyo, ne devrait pas être battu de sitôt: les vases, coupes, lampes et flacons uniques sont, comme tout ce qui est Art nouveau, à présent délaissé. C'est peut-être le moment d'acheter car les acheteurs, Japonais un peu, Russes davantage, attirés par les prix à la baisse, sont à nouveau actifs.

La SVV Aguttes soutenue par l'expert Arnaud Plaisance organise le 1er juin à Drouot une vacation dédiée aux arts décoratifs du XXème siècle, avec notamment quelques ?uvres de Gallé, un vase à décor de coquelicots (22.000 euros), une lampe conique à décor de clématites (13.000 euros), quelques vases floraux (3 à 5.000 euros), plusieurs lampes à chapeau (3 à 6.000 euros) ainsi qu'un guéridon aux libellules en noyer sculpté (30.000 euros). Toujours d'époque Art nouveau, on trouve de la verrerie Muller (dont un lustre à trois bras de lumière, 6.000 euros), de nombreux vases Daum (de 2 à 10.000 euros), des vases Le Verre Français (1.500 à 4.500 euros) et du mobilier Majorelle (notamment un ensemble de salle à manger, 30.000 euros) et des statuaires (de 3 à 8.500 euros). La vacation présente ensuite près de 200 lots d'Art déco, dont quelques rares vases de Camille Faure (de 2 à 10.000 euros) et nombre de vases Christofle en dinanderie (de 500 à 1.000 euros).

Le 1er juin, Drouot Richelieu, salles 5 et 6, renseignements: www.aguttes.com

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