Le premier président du monde

Journaliste à The Economist, Ludwig Siegele a travaillé pour Die Zeit et Le Monde. Il tiendra désormais une chronique régulière dans La Tribune.

L'-mail du siège de campagne de Barack Obama est arrivé sur mon écran à 4 h 32, heure de Londres. "Je vais me rendre à Grant Park pour m'exprimer devant tous ceux qui m'attendent là, mais je voulais vous écrire à vous en tout premier lieu. Nous avons fait l'histoire", disait ce mail. Au même moment, ma femme, qui est née en Californie, discutait des résultats à venir au téléphone avec un ami en Allemagne. A la télévision, je voyais des images d'une foule chantant "Obama, Obama", c'était quelque part au Kenya.

Voilà comment j'ai accueilli, depuis Londres, dans mon salon l'annonce de la victoire de Barack Obama, une expérience en vrai de ce que l'on appelle aujourd'hui, selon un nouveau concept à la mode, la "globalité". Cela me renvoyait quelques mois en arrière, lorsqu'à Berlin, j'étais allé avec des amis écouter Obama. On s'était dit, alors: il ne sera pas seulement le 44ème président des Etats-Unis ; il sera le premier président du monde. Il semblait en avoir conscience. "Je vous parle comme un citoyen des Etats-Unis, comme un citoyen du monde aussi", avait-il déclaré du pied de la Colonne de la Victoire, au centre de la capitale allemande.

C'est certainement une bonne chose : le monde a malheureusement besoin d'un leader américain fort et respecté. La crise économique et financière, le réchauffement climatique, le terrorisme : nous ne manquons pas de problèmes qui ne peuvent être réglés qu'avec des personnalités à la Maison Blanche capables d'écouter les autres. C'est ce que Barack Obama semble désireux de faire.

Mais la popularité d'Obama est quelque part paradoxale, les attentes qu'il a fait naître aussi. Tous ces problèmes globaux ne peuvent en aucun cas être réglés par un seul pays, encore moins par une seule personne. Tous ces messages de félicitations, toutes ces attentes messianiques ne sont-ils pas en contradiction avec l'idée, largement partagée, que nous sommes enfin et heureusement sortis du siècle des Américains ? Que nous devons éviter les risques d'un monde dominé par une seule hyperpuissance, en l'occurrence l'Amérique ?

Plus encore, il y a un vrai danger dans cette hyperpopularité d'Obama : que la désillusion ne soit rapidement à la hauteur des attentes qu'il a fait naître. Obama a peut-être les qualités de Gandhi, mais il ne saurait y avoir dans l'histoire deux Gandhi. Ne nous trompons pas : malgré la "globalité" qu'il est censé représenter, Obama est d'abord et avant tout le président des Etats-Unis.

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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il nya pa de différense entre un noir ou un blanc obama il é tro for kiss djazia

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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OBAMA est l'homme du moment, c'est un envoyé! il a pour mission, laver tout le linge sale de BUSHMAN.Donnons le temps à cet homme d'une époque très avancée, il n'est pas de notre époque! Ce Mr est venu très tôt, il est au courant et connait les probl...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Ce faux-fuyant de bakouba, épargne nous de tes charlantismes dépassés. Ici on parle du monde réel et pas du monde fictif et virtuel. Obama reste un Grand Homme!

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