Alain Olive (Unsa) : "Adapter notre modèle social sans que nos droits soient rognés"

Vingt millions de Français, salariés et employeurs, élisent mercredi 3 décembre leurs conseillers prud'homaux. Après avoir donné la parole à la CGT, la CFE-CGC, FO et la CFTC, La Tribune conclut son tour de piste sur le rôle des syndicats vu par eux-mêmes, à la veille de cette élection majeure pour les relations sociales. Aujourd'hui, Alain Olive (Unsa) plaide pour un grand pôle syndical réformiste.
Alain Olive (Unsa)

Que la photo était belle ! Demain, elle ne sera plus qu'un vieux souvenir. Les élections prud'homales du 3 décembre 2008 vont clore près de soixante ans d'histoire syndicale française. C'est la dernière fois que l'on verra autant d'organisations syndicales concourir pour ce type d'élections. Avec le vote de la loi du 20 août 2008 portant rénovation de la démocratie sociale s'achève un cycle syndical qui trouvait sa source dans la "guerre froide" et le Yalta syndical qui l'a accompagnée.

La loi du 20 août, par les règles drastiques de représentativité qu'elle institue, va non seulement entraîner une diminution du nombre des confédérations mais aussi consacrer les profondes évolutions qui ont affecté depuis plusieurs années la nature même de notre syndicalisme. En faisant de l'audience des syndicats dans l'entreprise le creuset de la légitimité syndicale, cette loi met en demeure les appareils syndicaux français d'acquérir une légitimité de terrain qui leur fait cruellement défaut aujourd'hui.

Toute la question est donc de savoir si le syndicalisme français sera capable de relever ce défi de la représentativité par la preuve sur le terrain, lui qui a vécu pendant des décennies dans le doux confort d'une représentativité nationale de droit, que nul ne pouvait contester quel que soit le faible nombre d'adhérents ou le peu de suffrages recueillis dans l'entreprise.

Cette loi consacre aussi les évolutions intervenues depuis plusieurs années dans la nature même de notre syndicalisme ; moins d'idéologie, plus de pragmatisme et une tendance au renforcement de la négociation collective dans l'entreprise.

Pour le syndicalisme français, qui devra se déprendre d'habitudes vieilles de plusieurs décennies, le défi est immense. L'Unsa veut le relever et assumer ces évolutions en constituant avec la CFE-CGC, ainsi qu'avec toutes celles et tous ceux qui partagent nos idées, un grand pôle syndical réformiste.

Ce réformisme, nous devons le revendiquer sans crainte et sans ambiguïté. Premier signe encourageant : les discussions qui ont lieu en ce moment même entre toutes les organisations syndicales françaises afin d'avancer quelques propositions communes, pour faire face à la crise, autour de l'emploi, du pouvoir d'achat, de la relance économique.

Nous sommes convaincus à l'Unsa qu'il est possible d'adapter notre modèle social aux contraintes nouvelles de la mondialisation sans que notre pacte social parte en lambeaux, sans que nos droits soient sans cesse rognés. Pour atteindre cet objectif, nous avons besoin de plus d'Europe, de plus d'Europe sociale. L'Europe a su jouer collectif avec succès lors de la crise financière et bancaire. Elle doit poursuivre dans cette voie.

Car, nous le savons tous, les dommages collatéraux de cette crise financière sur l'économie réelle vont être massifs, notamment en termes d'emplois. Pas un jour ne passe sans annonce de plans sociaux. On ne pourra y répondre avec le travail du dimanche, l'assouplissement des CDD ou la possibilité donnée aux salariés du privé de travailler jusqu'à 70 ans !

Certes, des réformes que nous approuvons ont été engagées ou sont en voie de l'être: RSA, mise en place d'un service public unifié de l'emploi, rénovation de notre système de formation professionnelle, mais le plus important à nos yeux consiste à redonner confiance par une politique de relance ambitieuse et à installer plus de solidarités au c?ur de l'action publique. Plus que jamais l'attention doit se porter sur le maintien de la cohésion sociale et la défense de notre pacte social. Cela signifie qu'il faut aider celles et ceux qui vont le plus souffrir de la crise. Un seul exemple : la situation des jeunes de plus de seize ans et de moins de vingt-cinq ans sans formation adéquate, ni travail décent, est aujourd'hui dramatique et provoquera des situations explosives. Leur intégration dans le monde du travail doit devenir une cause nationale. La crise économique qui s'annonce porte en elle toutes les composantes d'une crise sociale. Elle peut et doit être évitée.

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Commentaires 4
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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le syndicalisme sert surtout d'ascenseur social a ses dirigeants qui n'existeraient pas sans lui et parfois a se faire graisser la patte ,confer les millions d'euro liquide de l'UIMM

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Cet article est trés clair sur la représentativité syndicale et la position de tous ces vieux syndicats et syndicalistes dépasssés et usés . vive l'UNSA.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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SYNDICATS SANS ADHERENTS!Les syndicats ne représentent que 8% maximum de tous les salariés ,mais surtout de ceux de la fonction publique et entreprises ou l'état est encore majoritaire!Tant que le pouvoir n'aura pas compris cela, nous sommes mal! So...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Vous êtes l'archétype du syndicaliste qui choisit le manche plutôt que la cognée, autrement dit vous poursuivez par votre choix l'écrasement de la catégorie B par la catégorie A.Vous avez dans le Progrès de Lyon que si UNSA-Police est mieux réchauffé...

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