La Chine face à la menace d'une fuite des capitaux

Par Federico Rampini, correspondant à Pékin du quotidien italien La Repubblica. Il a publié "l'Ombre de Mao" (Robert Laffont).

Pourquoi le renminbi chinois s'est-il apprécié face à l'euro ? Il s'agit d'une des rares bonnes nouvelles pour l'économie européenne, raison de plus pour en analyser les causes. Il y a du neuf dans la politique du taux de change appliquée par la banque centrale de Pékin. La République populaire pourrait devenir vulnérable face à une fuite de capitaux. Bien que ce danger soit, pour l'instant, plus virtuel que concret, il constitue une contrainte pour les autorités monétaires chinoises.

La "retraite" subite de quatre grandes banques occidentales a été un signal inquiétant. Depuis le début de l'année, UBS, Bank of America, Citigroup et Royal Bank of Scotland ont décidé de vendre ou de réduire leurs participations dans le capital des banques chinoises. Bien entendu, ces ventes d'actifs sont liées aux graves difficultés des banques américaines et européennes. Ce serait inexact de voir dans ces décisions un jugement négatif sur le potentiel du marché chinois. Et sur le long terme, cette retraite pourrait d'ailleurs se révéler une erreur stratégique. D'autant que ce genre d'"offense" laisse toujours des traces dans la mémoire des dirigeants chinois.

Au sommet de la hiérarchie, on se souvient que ces mêmes banquiers avaient supplié qu'on les laisse entrer dans le capital des banques privatisées ; ils avaient promis de construire des partenariats stratégiques. C'est un volte-face que d'aucuns regretteront un jour. Mais, à Pékin, l'heure n'est pas aux vengeances. Dans l'immédiat, les dirigeants chinois voient dans ce mouvement un avertissement : ils ne peuvent pas considérer comme acquis un flux croissant d'investissements étrangers.

Au départ des banques occidentales s'ajoute un autre signal inquiétant. Au mois d'octobre, pour la première fois depuis plus de dix ans, la balance des paiements de la République populaire a enregistré une sortie nette de capitaux. Il s'agit bien du solde des mouvements de capitaux, celui-ci étant plus que compensé par l'excédent commercial qui reste considérable. De plus, la fuite de capitaux du mois d'octobre ne s'est pas reproduite en novembre ou décembre. Néanmoins, cet épisode a alerté les dirigeants de la banque centrale.

Bien qu'étant une superpuissance économique, la Chine ne veut pas courir le risque d'une crise de confiance vis-à-vis de sa monnaie. Il est vrai que le renminbi n'est pas encore une monnaie librement convertible, mais les moyens d'exporter des capitaux hors de Chine - légalement ou illégalement - se sont multipliés ces dernières années. Les grandes entreprises qui travaillent pour les marchés d'exportation ont de nombreux moyens de transférer des capitaux à l'étranger ; les riches particuliers ont par exemple des comptes bancaires à Hong Kong.

Si le doute se répandait quant à la stabilité du renminbi, une fuite de capitaux pourrait suivre. Certes, la banque centrale de Pékin a les réserves les plus riches de la planète (environ 2.000 milliards de dollars), mais elle ne veut pas que les marchés l'obligent à y puiser en la mettant sur la défensive.

Voilà pourquoi ces derniers mois la politique du taux de change a subi un infléchissement. La renminbi a cessé de fluctuer "à mi-chemin" entre l'évolution du dollar et de l'euro, ce qu'il faisait depuis juillet 2004. La référence à un panier de monnaies, pour fixer la valeur du renminbi, est abandonnée de fait. Ce changement n'est pas officiel, mais il est visible. Le renminbi suit de près l'évolution du dollar, comme il l'avait fait jusqu'en 2004.

Pour l'Europe, c'est une bonne chose : tant que le dollar s'apprécie sur l'euro, nous gagnons également en compétitivité sur la Chine. En donnant la priorité à la fiabilité de sa monnaie, Pékin se prive de la possibilité d'une dévaluation compétitive, qui ferait l'affaire de ses exportateurs. Tant que cela dure, c'est une arme en moins dans l'arsenal potentiel du protectionnisme chinois.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
La Chine commence à trembler, puis viendront les secousses, puis une chute brutale avec fracas. Le monde entier sera ébranlé et la Chine ser détruite à la fin du processus

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.