De la relance au bon sens

Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

L'affaire semble entendue. Lorsque la demande des consommateurs et des entreprises est déficiente, c'est l'Etat qui doit prendre le relais. Et la plus grosse relance de tous les temps, les 800 milliards de dollars que va dépenser Barack Obama aux Etats-Unis, va nous sauver. Les économistes et les banquiers de la planète ressassent cet argument avec une unanimité problématique. Car ce sont les mêmes qui, il y a trois ans, expliquaient que la finance était solide. Qui, il y a deux ans, récusaient le terme de "bulle" pour qualifier les prix de l'immobilier.

L'année dernière, ils excluaient toute crise bancaire systémique. Il y a six mois encore, ces Panurge pronostiquaient un redémarrage de l'économie américaine pour début 2009... Les voilà qui pontifient aujourd'hui sur les trois "R" salvateurs : relance, régulation et repentance. Les mêmes, il y a dix ans, dispensaient leur médecine mortifère aux pays asiatiques en pleine crise de la dette ? très semblable à celle que nous connaissons ? en préconisant au contraire... une diminution de la dépense publique ! En bref, les économistes se sont trompés avec une constance tout à la fois remarquable et très inquiétante.

Regardons les faits. La précédente expérience de relance à grande échelle est celle du Japon, qui l'a expérimentée après une crise aiguë de surinvestissement. Le bilan en est calamiteux : le Japon a vu sa dette passer de 65% du PIB en 1990 à 180% aujourd'hui, sans avoir réglé ses problèmes. Et encore l'archipel a-t-il bénéficié d'une conjoncture internationale inouïe, qui l'a aidé. Ce ne sera pas notre cas, puisque tout le monde plonge en même temps.

L'autre expérience mythique est celle de Franklin Delano Roosevelt, qui a pris ses fonctions de président des Etats-Unis en janvier 1933, au plus noir de la Dépression. Là encore, pas de miracles. La reprise est poussive, et elle provient au moins autant d'une dévaluation considérable du dollar que du stimulus budgétaire. L'Amérique ne se redresse alors véritablement que lorsqu'elle entre en économie de guerre.

Faut-il pour autant ne rien faire ? Entre l'inaction et l'illusion délirante de ceux qui exhument Keynes dans l'urgence, il y a une certaine marge. Celle du bon sens. Un, on ne règle pas un excès de dette par un surcroît de dette. Il va falloir que quelqu'un paye, car il n'y a pas de repas gratuit. Deux, cela peut prendre du temps. Trois, une reprise durable ne peut venir que du secteur privé.

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Les dizaines, centaines, milliers de milliards en Dollars Euros, ou toutes autres monnaies de singes, d'investissments à tous crins risquent bien de donner plus de chance encore à la corruption dans les milieux des travaux publics et du batiment... n...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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On peut comparer l'économie à la médecine sauf que l'économie ne connaît qu'un domaine : la médecine légiste. Elle peut vous expliquer pendant des heures pourquoi cela a marché ou pas (de belles courbes à l'appui pour paraître scientifique) mais est ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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