Obama l'équilibriste

Par Valérie Segond, journaliste à La Tribune.

C'est à un redoutable numéro d'équilibriste que se prête, ces jours-ci, le président américain. A peine a-t-il fait voter par le Congrès un plan de soutien à l'activité de près de 800 milliards de dollars, et alors qu'il concocte un énième plan de sauvetage bancaire et de soutien de l'immobilier, qu'il annonce tout de go aux Américains qu'il faudra rapidement «restaurer la discipline fiscale.» Tout en promettant de rebâtir un système de sécurité sociale, le président s'engage à ramener le déficit budgétaire de 1.400 milliards de dollars cette année, soit 10% du PIB à un peu plus de 500 milliards en 2013. Pas moins ! Que la promesse soit hasardeuse n'étonnera personne: la Brookings Institution a calculé qu'avec les hypothèses les plus favorables, il avoisinerait les 1000 milliards par an, sur les dix prochaines années ! Mais le jeune président n'avait guère le choix: en six semaines, les taux longs exigés par les investisseurs sur les obligations d'Etat à 10 ans sont passés de 2,05% à 2,98%, signe que le tirage quasi illimité sur la signature publique commence à faire peur. Il aura fallu que la Fed s'engage à racheter des bons d'Etat pour que les taux refluent, mais très légèrement, à 2,80%. En clair, comme Bernanke, Obama est sur le pont pour empêcher une nouvelle remontée des taux longs qui viendrait compromettre la sortie de crise. Seulement, en envoyant à l'investisseur ce signal de président responsable, il envoie au contribuable un message ambivalent. A peine lui offre-t-il des baisses d'impôts pour l'inciter à consommer, qu'il lui annonce que ceux-ci devront remonter dès que l'économie repartira... Le bénéficiaire va-t-il se comporter en «consommateur citoyen» ou en «contribuable responsable», en épargnant le cadeau d'aujourd'hui pour répondre à ses obligations de demain ? Ce risque, appelé «l'équivalence de Pareto», apparaît déjà à travers la brutale remontée du taux d'épargne des ménages. Cassera-t-il la relance d'Obama ? Certains politiques veulent croire que seuls les très riches seront davantage taxés. Mais c'est ignorer l'ampleur du trou béant des finances publiques américaines.

 

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