Les banques face à Tchernobyl

Par Valérie Segond, journaliste à La Tribune.

Bon, d'accord, c'est un peu incongru de lancer des cocoricos pour les banques françaises au moment où la fusion des Banques Populaires et des Caisses d'Épargne sous la tutelle de l'Élysée fait jaser. Tant pis. Saluons les 3 milliards de profits nets de BNP Paribas en 2008, les 2 milliards de la Société Générale et le milliard attendu chez Crédit Agricole la semaine prochaine. Autant de bénéfices qui feront ? presque ? oublier les 2,8 milliards de pertes de Natixis, les 3,3 milliards de Dexia.
On peut déjà dire que le résultat net de l'ensemble des banques françaises sera proche de l'équilibre sur 2008, bien que leurs activités de marché aient beaucoup souffert au quatrième trimestre. Un résultat qui fait figure de performance à l'aune des pertes de 25 milliards de livres de Royal Bank of Scotland, ou encore de 20 milliards de francs suisses d'UBS. Disons-le tout net : à l'exception de Dexia, la question de la survie des banques françaises n'est pas posée. Faut-il croire qu'il existe, là aussi, une exception française, qui voudrait que nos banques soient épargnées par le nuage de Tchernobyl ?
Les banques françaises n'ont pas fait de subprimes sur le sol français, ces crédits hypothécaires à des ménages insolvables, car il leur était interdit de consentir des prêts dont les remboursements excèdent 30 % des revenus des emprunteurs, ou encore de prêter 120 % de la valeur d'un bien. Et à l'exception de Natixis, elles étaient relativement peu actives en titrisation de crédits comme en produits structurés, les deux métiers qui ont plombé les banques anglo-saxonnes.
Par chance ou par talent, elles ont, pour l'instant, détruit nettement moins de fonds propres que les UBS, RBS, Lloyds, etc. Seulement voilà : ces résultats ne veulent pas dire grand-chose, certaines banques ayant valorisé leurs actifs au prix du marché, d'autres préférant lisser leurs pertes sur plusieurs exercices. Ce que l'on sait, c'est qu'elles ont identifié, sinon provisionné, les milliards d'euros d'actifs toxiques qu'elles comptent dans leur bilan. Mais il reste deux inconnues majeures liées à la crise économique : quelle est la part de leurs créances qui ne seront jamais remboursées ? Et quelles coupes devront-elles mener dans leurs équipes si le désendettement en marche de tous les acteurs s'accélère ? En clair, est-ce que leur c?ur de métier lui-même sera atteint par le nuage de Tchernobyl ?

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Si je ne me trompe, la réglementation n'a rien à voir avec le montant de prêt par rapport au revenu ou au montant de l'opération ; ces limites étaient la "règle" à une époque se référant au "cours" de marc Viénot, règle de bon sens comme de prudence....

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Les banques francaises peut impliquées dans les titres à risque ???? En 2007, dans le top ten des banques qui détenaient le plus de CDO, 3 banques francaises apparaissaient, SG, BNP et Calyon, cette dernière était à la deuxième place avec 228 milliar...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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On en est où du ration tier one quand nos banques prennent l'aide de l'Etat comme des fonds propres. En fait nos banques sont peut-être plus mal en point que les anglo-saxonnes, mais chut, on ne le dit pas encore. Enfin, c'est dommage qu'on ne puiss...

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