L'art d'annoncer les mauvaises nouvelles

Par Philippe Mabille, éditorialiste à La Tribune.

Pour un gouvernement, officialiser une récession, comme va le faire mercredi Bercy, est probablement l'exercice le plus douloureux. Parce que même s'il n'est pas directement responsable de la conjoncture mondiale, c'est quand même un échec, et surtout c'est le présage de nouvelles difficultés à venir. Pendant de longs mois, le gouvernement s'est donc refusé à employer le mot "récession", comme pour exorciser cette mauvaise nouvelle que La Tribune avait envisagée dès le 28 juillet dernier.

Dans le budget 2009, la prévision initiale de croissance était de 1 à 1,5%, en positif ; ce sera, hélas, dans le meilleur des cas, la même chose, mais en négatif. C'est dire la brutalité du retournement subi par l'économie depuis l'été. Une récession, c'est toujours un grand malheur qui s'abat sur un pays. Sa première manifestation est son coût en emplois. Avec 90.000 chômeurs de plus en janvier - et probablement plus de 300.000 sur l'ensemble de l'année -, le coût social de la crise va être exorbitant. Cela veut dire que de nombreux plans sociaux et fermetures d'usines sont encore à venir, et cela va nourrir le pessimisme des ménages.

La deuxième manifestation est comptable : face à une récession, le gouvernement n'a pas d'autre choix que de laisser filer les déficits publics, pour amortir le choc. Un recul de l'activité économique, c'est forcément moins d'impôt et de cotisations sociales et c'est forcément des dépenses sociales en plus. Sans compter la montée en puissance des revendications syndicales. C'est le piège dans lequel est entré Nicolas Sarkozy depuis le 18 février, et il est à craindre que la forte mobilisation des salariés le 19 mars accentue encore la pression en faveur d'un plan de relance de la consommation, comme le réclame la gauche.

Avec un déficit double de ce qui était prévu (5,5% du PIB), voire sans doute supérieur à 6% selon les prévisions les plus pessimistes, la France va donc sortir de la crise avec les caisses encore plus vides. Pour mémoire, la récession de 1993 avait fait passer la dette publique de 40 à 60% du PIB. On peut prédire la même aggravation à la faveur de cette nouvelle crise. Une récession, en France, cela se produit tous les quinze ans. La dernière date de 1993 et la précédente de 1975. La perspective de voir en 2009 la pire récession depuis la dernière guerre constituerait un triste record, à peine compensé par le fait que nos voisins (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne) sont dans une situation plus mauvaise encore.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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L'endettement est-il une bonne chose ? Ne risque-t-on pas une plus grande crise encore avec cette bombe à retardement ?

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Pour repondre a fl,il n'y a pas trente six solutions;soit on fait rien c'est la catastrophe assurée,soit on fait marcher la planche a billets qui amenera une inflation galopante qui en retour nous ferra perdre des parts de marché ,accentuent encore p...

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