La Chine a tout d'une grande

Par Sophie Gherardi, directrice adjointe de la rédaction de La Tribune.

Il a l?allure empesée qui sied au président d?un pays encore officiellement communiste, et son brushing évoque un peu le feuilleton "Dallas". Mais le président chinois, Hu Jintao, a effectué un parcours sans faute lors du sommet de Londres, deuxième G20 d?une série appelée à se poursuivre. Il est arrivé en position de force, avec dans son jeu la meilleure croissance, le plus grand marché et les plus grosses réserves monétaires de la planète.

Ses 750 milliards de dollars de bons du Trésor américain lui permettaient de parler les yeux dans les yeux avec Barack Obama. En laissant entendre, quelques jours avant le G20, qu?une monnaie internationale pourrait remplacer le dollar, il avait fait passer un frisson dans les échines, mais c?était juste un jalon posé pour l?avenir. A Londres, la Chine était là pour coopérer.

Elle a su le faire sans l?arrogance du puissant et sans la raideur du complexé. Pour la première fois peut-être, elle a occupé toute sa place dans le jeu multilatéral, dont la crise économique démontre la pertinence alors que George Bush, inspiré par les néoconservateurs, avait cru pouvoir s?en affranchir. Pour un peu, on imagine Hu Jintao, en bras de chemise et cigarette au bec, discuter le bout de gras jusqu?à point d?heure avec Obama et Sarkozy.

Oui, car Hu Jintao a pris la peine de se réconcilier in extremis avec le président français juste avant le sommet. Il s?est contenté d?un recul de Paris sur le Tibet, sans chercher à obtenir une totale humiliation. Cette magnanimité - alors que la tension reste vive dans tout l?ouest chinois - ne peut pas s?expliquer par le besoin que la Chine aurait de la France comme partenaire commercial : il est somme toute limité (la réciproque n?étant pas vraie).

C?est très probablement du leader Sarkozy, celui dont l?énergie est capable de faire avancer les lourds collèges internationaux, surtout en temps de crise, que Hu Jintao avait besoin. Pour s?appuyer sur lui, il fallait d?abord le sortir de sa quarantaine. A Londres, cette Chine conciliante a obtenu ce qui était sa priorité absolue : le renoncement solennel au protectionnisme.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Je croyais que la chaine détenait plus de 1200 Milliars USd en Bond de trésor devant le Japon qui en détient plus de 900 Md USD? D'ou viennent les 740 Md USD dans l'article?

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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