La fièvre de l'or

Par Didier Julienne, analyste indépendant.

Chacun sait que lorsque votre chauffeur de taxi vous donne une recommandation financière, il est temps de passer à la vente pour vos investissements. En ce moment, c'est le cas sur l'or. Le métal jaune est très cher, évoluant juste sous le seuil des 1.000 dollars l'once, fort populaire, âprement discuté. On en est même venu à calculer, par la méthode, aventureuse dans ce contexte, de perte de chance ou de perte d'un avantage concurrentiel, le dommage causé sur leurs propres bilans par les banques centrales qui ont réalisé des ventes d'or depuis 1999.

On sait que la création et le remboursement des dettes des particuliers, des entreprises, des établissements financiers entre eux et des Etats passent par les banques, Comme aujourd'hui rares sont ceux qui ont retrouvé une confiance dans notre système financier, investir dans l'or s'avère particulièrement pertinent. En effet, l'on oublie souvent que l'or n'est pas une valeur refuge ni une relique barbare mais possède pour principale propriété de n'être la dette de personne.
Si vous avez investi dans le métal jaune, vous n'aurez à courir après personne pour l'échanger contre une autre valeur. Les marchés ETF ("Exchange Traded Funds", Fonds indiciels cotés) dédiés à l'or, qui adossent votre investissement à des lingots chez des dépositaires agréés, respectent cette vertu. Ce n'est pas sans raison qu'ils connaissent un grand succès.

Du côté de la demande, la consommation d'or dans l'industrie qui est au plus bas depuis 10 ans ne se redressera pas en cette période de crise. Quant à la demande bijoutière indienne, la première du monde, elle ne redémarrera pas tant que les prix seront supérieurs à 40.000 roupies (844 dollars) l'once.
L'absence de cette dernière est largement compensée par la demande d'investisseurs occidentaux qui achètent à des vendeurs orientaux - notamment indiens et du Moyen-orient - à des prix qui ne dépassent pas les 1.000 dollars très longtemps.

Les prix, stabilisés dans ce couloir de 200 dollars, satisfont des producteurs dont les marges sont encore positives malgré les hausses des coûts de production enregistrées ces dernières années et un volume d'extraction qui s'est tassé depuis quelques temps. Car cet affaissement du côté de l'industrie minière est compensé par les cessions d'or des banques centrales et l'augmentation du recyclage qui lui aussi se révèle très profitable.
Au total, production et consommation baissent avec deux faits marquant, recul de la production minière et hausse du recyclage d'une part et baisse de la demande industrielle et transfert de métal d'investisseurs orientaux vers les occidentaux d'autre part.

L'inflation se situant au plus bas et le retour de la confiance s'exprimant de nouveau par un appétit pour les risques financiers, le flux de l'or s'inversera au profit de supports plus attractifs 6 à 9 mois avant des indications de résultats positifs des entreprises.

Avons-nous atteint ce point d'inflexion? Regardons attentivement la courbe des prix de l'or et demandons-nous à cet instant de la crise pour quelles raisons l'once atteindra-t-elle 1.500 dollars ou bien 2.000 dollars ?

Au final, votre chauffeur de taxi n'est-il pas en train de vous suggérer qu'il est encore plus facile de monter en route parce que le marché est presque au sommet de la côte sans pour autant imaginer combien il sera dangereux de quitter la voiture lorsqu'elle dévalera la pente ?

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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c'est sans compter sur la hausse du pétrole, la baisse du Dollar,l'arrivée inévitable de l'inflation, les conflits financiers et géostratégiques qui opposent la Chine, la Russie et l'Amérique ( un Weimar planétaire selon Attali). Ce coktail va amener...

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