La Bourse ou l'ivresse des sommets

Par Muriel Motte, rédactrice en chef à La Tribune.

Trop haut, trop vite. L'ivresse des sommets a saisi les opérateurs des marchés boursiers. Comme toujours, c'était prévisible : aucun indice ne peut s'envoler de 3% à 40% en trois mois, comme viennent de le vivre toutes les grandes places financières, sans qu'à un moment donné la raison n'oblige les acheteurs les plus acharnés à une pause. Les fins limiers de la Bourse avaient d'ailleurs détecté récemment des signaux avant-coureurs d'une inévitable correction.

Ainsi à Wall Street où le rebond des actions à la sortie de l'hiver avait eu lieu dans un climat d'enthousiasme béat, les volumes de transactions n'ont cessé de diminuer au fil des semaines, signe d'un manque de conviction croissant dans le clan des "bullish" (haussiers). Or, quand la foi vacille, l'honnête pèlerin devient la proie de tous les mauvais génies. Hier, la révision à la baisse par la Banque mondiale de ses prévisions de croissance pour la planète en 2009 a été le prétexte à une vague de prises de bénéfices, entamée la semaine dernière. Les boursicoteurs n'ont pas fait dans la dentelle. De Paris à Moscou, en passant par Francfort, les ventes ont fait plier tous les indices.

Ce n'est pas surprenant car les marchés voient toujours le verre à moitié plein, ou à moitié vide. Après avoir applaudi les signes annonciateurs de la fin du cauchemar économique, les voilà qui enterrent déjà la reprise tant attendue. La vérité se situe entre les deux. L'activité ralentit encore, mais à un rythme moindre. Quant au retour rapide d'une croissance dynamique dans les pays riches, il n'en a jamais été question. Le président de la banque centrale américaine ne devrait pas dire autre chose demain à l'issue de la réunion du comité de politique monétaire de la Fed. Mais, en attendant, actions, matières premières, pétrole, tout dégringole. Le rebond des marchés boursiers fut formidable, la rechute est amère.

A moins de 3.200 points, le CAC 40 est retombé à son niveau de fin avril. Quant au Dow Jones de Wall Street, il fait à peine mieux. L'histoire enseigne que jamais depuis 1928 l'indice phare du marché américain n'avait vécu une hausse aussi formidable que celle de ce printemps. La deuxième partie de l'histoire, c'est que cette belle envolée avait été suivie d'une correction de 10% en une semaine. Nous y sommes peut-être. La troisième partie, c'est que 1928 précéda 1929. Et alors là?

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Et oui, on arrive dans la vraie zone à risque : celle qui nous fera passer dans la vraie crise!

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