Banques : le grand écart Paris-Londres

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

"Vérité au-deçà des Pyrénées, erreurs au-delà", disait Pascal. Avec la Manche, c'est pire. En matière bancaire, comme en beaucoup d'autres, Londres et Paris choisissent toujours des voies opposées.

C'était vrai au plus fort de la crise financière, quand Anglais et Français jouaient à front renversé : les premiers nationalisaient certaines de leurs grandes banques, quand les seconds prenaient un soin jaloux à se tenir officiellement à l'écart de leur gestion.

Et cela le reste aujourd'hui, à l'heure de solder les comptes. Certes, les établissements bancaires d'outre-Manche ont vécu des secousses plus importantes que les banques hexagonales (à l'exception de la franco-belge Dexia). Et nous n'avons pas vu, ici, de files de déposants venant retirer leurs avoirs comme ce fut le cas devant les agences du britannique Northern Rock.

Les exigences de Bruxelles, dans son combat contre les distorsions de concurrence et les aides d'État, ne peuvent donc pas être de même nature, ni de même ampleur, de part et d'autre du Channel. Mais, quand même ! Il est frappant de constater que la crise a accéléré la concentration en France quand elle devrait aboutir à une fragmentation du paysage bancaire au Royaume-Uni.

À Paris, quand Natixis, la banque de financement et d'investissement des Caisses d'Épargne et des Banques Populaires, menaçait d'entraîner ses maisons mères par le fond, l'État a pesé de tout son poids pour en accélérer le rapprochement. L'ambition était bien d'utiliser le levier de la crise pour forger, aux côtés de BNP Paribas, du Crédit Agricole, ou encore de la Société Générale, un nouveau champion national.

La semaine dernière, encore, le gouverneur de la Banque de France se prononçait contre l'adoption d'un "glass-steagall act", qui conduirait à la séparation des activités de banque de détail et de banques d'affaires. Le message était clair. Il n'est pas question de scinder nos grands établissements financiers.

À Londres, en revanche, quand le chancelier de l'Échiquier, Alistair Darling, annonçait ce week-end la vente rapide de larges pans de Northern Rock, Lloyds Banking Group et Royal Bank of Scotland, toutes trois nationalisées, il précisait aussitôt que les morceaux cédés devraient aller à des acteurs n'ayant pas de présence bancaire importante en Grande-Bretagne.

Il justifiait, ou habillait, cette décision par la nécessité d'accroître la concurrence. Un mot que l'on entend rarement sur les rives de la Seine. Décidément, les différences culturelles restent tenaces...

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Commentaires 4
à écrit le 05/11/2009 à 21:38
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Non, mais c'est sûr, c'est toujours mieux en GB. Et ce genre de connerie va continuer à se dire pendant encore combien de temps???

à écrit le 05/11/2009 à 12:19
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Les gouvernements n'ont pas à s'occuper à la vie des entreprises privées, sauf pour accentuer la concurrence qui est génératrice de choix pour les consommateurs. La France elle souffre d'un état omnipotent et omniprésent ui écrase pour ses impots exo...

à écrit le 02/11/2009 à 16:27
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tout a fait en accord avec votre commentaire !

à écrit le 02/11/2009 à 16:02
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Oui la concurtrence outre manche existe. Il suffit de voir le marhe des telecoms dans les deux pays. France ( 3 operateurs). Prix identiques pasd e concurrence. GB: 6 operateurs qui ont des offres tarifaires completement differentes.

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