PSA et sa drôle de fiancée

Par Odile Esposito, rédactrice en chef à La Tribune.

A priori, la fiancée japonaise que s'est choisie PSA n'a rien de très sexy. Souffreteuse, avec un chiffre d'affaires en chute de moitié depuis le début de l'année. Un peu démodée, puisque spécialisée dans des 4 x 4 qui n'ont plus trop la cote en cette période de lutte contre le réchauffement climatique. Mal vue au Japon pour avoir, au début du siècle, voulu camoufler les défauts de certains de ses modèles. Elle a, qui plus est, déjà divorcé d'un mari allemand, Daimler-Chrysler, qui l'a abandonnée, la laissant au bord de la faillite?

Pour autant, il ne faut sans doute pas s'arrêter à cette façade. La dame a de la ressource. D'abord, elle s'est offert un petit lifting, en se spécialisant très tôt dans les véhicules électriques au point d'avoir désormais une longueur d'avance sur ces sujets très porteurs. Elle a su aussi, peu à peu, séduire ce lointain fiancé français, PSA, avec qui elle entretient des relations depuis 2005. Enfin, si elle a aujourd'hui quelques difficultés à boucler ses fins de mois, avec une perte nette de 267 millions d'euros au premier semestre, elle peut s'appuyer sur une riche famille. Ce qui ne gâche rien lorsqu'on pense mariage.

En 2005, pour lui éviter le dépôt de bilan, sa maison mère et ses cousines de la galaxie Mitsubishi ne l'avaient-elles pas renflouée en lui fournissant capitaux et managers capables de l'aider à se tirer d'affaire ? Parmi ces parentes charitables figurait Mitsubishi Heavy Industries (MHI), laquelle s'était pourtant délestée de son activité automobile dans les années 1970 pour justement créer Mitsubishi Motors. MHI acceptait de reprendre 15% de cette ancienne division pour lui éviter le naufrage.

Le sens de l'honneur, c'est important dans une famille. Il se trouve que cette cousine au grand c?ur s'intéresse, elle aussi, à un français, Areva, champion mondial du nucléaire. Un groupe avec lequel elle a noué ces dernières années des partenariats, puis créé une coentreprise dans le combustible. Un groupe qui veut ouvrir son capital à des investisseurs étrangers pour financer son plan de développement ambitieux. Si PSA épouse sa fiancée japonaise, il permettra à MHI de quitter un métier qui n'est pas le sien. Le même MHI fait miroiter depuis des mois sa possible entrée au tour de table d'Areva. Tout cela n'est qu'une heureuse coïncidence, bien sûr. Les mariages arrangés sont passés de mode depuis longtemps.

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