L'Inde au téléphone

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Désormais, l'histoire des télécoms s'écrira autrement. L'achat des actifs africains de Zain par l'indien Bharti modifie en profondeur les règles du jeu du secteur. Ce n'est pas tant le montant du chèque qui impressionne, plus de 10 milliards de dollars tout de même. Ni même le bouleversement du classement des opérateurs de téléphonie mobile, même si le numéro un indien décroche 42 millions de clients supplémentaires et se propulse du dixième au cinquième rang mondial.

Non, ce qui frappe, c'est que d'une certaine façon, ce "deal" Sud-Sud, le premier de cette taille, réduit les géants occidentaux, les Vodafone, Telefonica et autre France Télécom, au rôle de... spectateurs ! Non seulement la croissance dans la téléphonie mobile se fait hors de leurs marchés domestiques, dans les pays émergents - l'Inde compte ainsi 19 millions de nouveaux abonnés par mois. Mais ils découvrent qu'ils ne sont plus forcément les mieux placés pour aller la chercher.

Le français Vivendi (SFR) a bien regardé le dossier Zain Africa. Il a même été l'an dernier à deux doigts de l'emporter. Mais il a préféré jeter l'éponge, jugeant le prix trop élevé. Ce prix, Bharti pouvait l'acquitter, son modèle économique étant parfaitement adapté aux quinze pays africains dans lesquels il va s'implanter. Le groupe indien dispose d'un savoir-faire incomparable : beaucoup de clients, une recette unitaire très faible - 3,7 euros par mois en moyenne -, et des coûts adaptés, c'est-à-dire très bas. Bharti a gagné parce que son marché domestique est démographiquement, culturellement très proche de celui de l'Afrique. Il s'est du coup donné les moyens de prolonger son succès.

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