Crise de l'euro  : à qui profite le crime  ?

Par Marc Fiorentino, stratège d'Allofinance.com.

L'euro s'est effondré. Et tous les regards se tournent, comme d'habitude, vers les "hedge funds", les fonds spéculatifs. Il faut dire que le Wall Street Journal nous révélait dès le mois de mars que le 8 février, les plus gros "hedge funds" américains étaient réunis à New York, pour un dîner dans un hôtel de Manhattan, à l'invitation d'un courtier, dîner pendant lequel ils auraient décidé de se liguer pour faire chuter l'euro à 1. A 1 euro contre 1 dollar. L'euro valait alors 1,37. En fin de semaine dernière, il touchait le 1,25...

Même si cette théorie du complot est peu crédible, le rôle de la spéculation dans la chute de l'euro est indéniable. Mais contrairement à une rumeur, pour la spéculation, il n'y a pas de fumée sans feu. Les traders ne peuvent s'attaquer à un pays, à une monnaie, ou à une action et gagner de l'argent que si, objectivement, il y a une brèche. Prenons l'exemple de la Grèce. Certes, la spéculation a amplifié le mouvement et précipité les événements mais la Grèce n'avait-elle pas réellement besoin d'un plan d'austérité violent et ce plan d'austérité violent aurait-il été adopté sans les attaques des spéculateurs ?

De même pour l'euro. L'euro n'aurait pas pu baisser si le modèle européen n'était pas réellement en quasi-faillite. Continuer, comme en France, à vouloir prendre sa retraite à 60 ans, à obtenir des augmentations automatiques, des primes, des RTT, des remboursements de frais médicaux souvent inutiles, des allocations pour tout alors que "les caisses sont vides" et que le pays a un déficit abyssal, c'est tout simplement irréaliste et les marchés sont là, souvent avec excès et trop souvent avec violence, pour le rappeler.

Cette crise de l'euro est la conséquence d'un manque de courage politique de tous les leaders européens qui se voilent la face et refusent depuis des années de prendre les mesures nécessaires, de rigueur mais également de réglementation des marchés. Tous ? Non. Pas tous. Et c'est là que cela devient intéressant. Il y a un leader en Europe. C'est l'Allemagne. Et il y a un leader en Allemagne, c'est Angela Merkel. Et Angela Merkel n'a rien fait pour apaiser les esprits. Elle n'a rien fait pour freiner la panique sur l'euro. Elle en a même un peu rajouté en laissant des membres de son parti évoquer la possibilité pour les Etats malades de l'Union européenne d'envisager une "faillite ordonnée", un "Chapter 11" étatique. Rien que cela. Une faillite ordonnée ! Dans un marché en pleine panique, laisser penser aux investisseurs qu'on pourrait laisser la Grèce, le Portugal, l'Espagne, l'Irlande, l'Italie mais pourquoi pas la France, l'Angleterre ou les Etats-Unis renégocier leur dette pour ne la rembourser que partiellement, c'est presque aussi irresponsable que de rabaisser la notation de la Grèce en pleine panique.

Or l'Allemagne n'agit pas sans réfléchir. Si Angela Merkel a agi ainsi, c'est que cette crise l'arrange. Financièrement d'abord. Certes, l'Allemagne va devoir prêter plus de 22 milliards d'euros à la Grèce sur trois ans, mais elle gagne chaque jour des milliards d'euros, grâce à la crise, sur des exportations boostées par un euro bas et sur sa dette dont le coût baisse du fait de la baisse des taux allemands. Mais au-delà de l'aspect financier, les Allemands ne sont pas mécontents que les spéculateurs viennent rappeler à certains pays européens qu'on ne peut pas, comme la Cigale de la Fontaine, vouloir chanter tout l'été et vouloir danser en hiver le sirtaki ou le flamenco.

Il y a une alliance contre nature, mais objective, entre les "hedge funds" et l'Allemagne. Les fonds spéculatifs font le sale boulot et focalisent les critiques mais, à travers eux, c'est l'Allemagne qui veut nous donner une leçon. Une leçon de rigueur. La fourmi allemande et les ogres de Wall Street vont empocher le gros lot. Et ce n'est pas totalement immoral. Car on ne comprend toujours pas ce que "faisaient les emprunteurs au temps chaud, nuit et jour à tout venant... ".

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Commentaires 8
à écrit le 17/05/2010 à 13:18
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Je suis d'accord avec cette analyse. Les pays faibles vont devoir apprendre à gérer ! Des cours d'économie sont dispensées à l'Université populaire. J'espère que les Lagarde, Sarkosy et consors vont s'y inscrire !

à écrit le 14/05/2010 à 20:35
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deja commencer par nettoyer tout les mensonges ,et tout les blabla des economistes qui n'y connaisse rien enfin plutot qui sont depassé par les evenements eco ,la finance c'est comme un moteur si ya une fuite dans le reservoir et que vous mettez de...

à écrit le 13/05/2010 à 7:25
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à is ! ça veut dire quoi 35 h ? les français travaillent 41 h en moyenne ! mon gendre rentre tous les soirs à 20h30 ( théoriquement il est à 35 h) quelle hypocrisie !! d'ailleurs sarko a maintenu les 35 h qui profitent aussi à certains patrons ! arrê...

à écrit le 10/05/2010 à 18:46
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"Liberta" et "Baboeuf", c'est pas possible! La population vote! et dans un pays elle vote pour Merkel, et dans un autre pour Papandréou, et dans un troisième pour Sarkosy, cherchez l'erreur... Les financiers, les entreprises et les consommateurs inve...

à écrit le 10/05/2010 à 17:00
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35 h en France 42 h en Allemagne Grèves en France Cohésion sociale en Allemagne ......... c'est n'est pas un modèle économique mais un état d'ésprit!

à écrit le 10/05/2010 à 12:46
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Il serait intellectuellement malhonête de faire porter la responsabilité de la crise aux populations Par contre il est demandé aux populations de payer et d'enrichir encore et encore les marchés financiers Sans l'allégeance des états aux banqu...

à écrit le 10/05/2010 à 11:24
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Ecrire "remboursements de frais médicaux souvent inutiles" est vraiment une insulte à tous les français confrontés à la maladie, bénigne ou grave, et qui ont heureusement la possibilité de se faie soigner sans qu'avant toute intervention on leur dema...

à écrit le 10/05/2010 à 7:44
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je viens de donner mon avis sur Angèla, elle est courageuse, intelligente, elle aime son pays. -Sarkosy-, il lui est impossible de lui ressembler. Quoiqu'il en soit nous allons souffrir du laxisme généralisé"des pays du Sud" dont nous sommes, et C.E...

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