Quand la France perd ses pépites

Par Odile Esposito, rédactrice en chef à La Tribune.

Teisseire sous pavillon britannique, Sperian aux mains de l'américain Honeywell... en deux jours, deux belles PME françaises ont été absorbées par des groupes étrangers. Deux sociétés familiales à l'origine. Teisseire, créé en 1720 par la famille grenobloise du même nom, était tombé en 2004 dans le giron du groupe savoyard Fruité Entreprises. Sperian, lui, qui fabriquait à l'origine des lunettes de protection a été fondé en 1957 par Christian Dalloz dont il a longtemps porté le nom avant de devenir Bacou-Dalloz en 2001, après sa fusion avec son rival Bacou, puis de se rebaptiser Sperian en 2007.

A priori, rien d'anormal dans ces opérations. Les groupes français font régulièrement leurs emplettes hors de nos frontières. Et il est logique que les étrangers viennent, eux aussi, rafler les belles marques hexagonales. Labeyrie, le roi du foie gras, est aujourd'hui islandais. Cabasse, le fabricant d'enceintes acoustiques haut de gamme, a été avalé par le japonais Canon. Une liste loin d'être exhaustive.

Pour autant, force est de constater que ces sociétés qui changent ainsi de mains sont justement ces grosses PME dont, selon tous les observateurs du monde industriel, la France manque aujourd'hui cruellement. Notamment si on la compare à l'Allemagne, qui doit ses exportations à ce que l'on appelle les "entreprises de taille intermédiaire".

Le ministère de l'Industrie en fait régulièrement le constat et il assurait que le Fonds stratégique d'investissement avait justement été créé pour renforcer ce tissu de PME. Certes, les sirops n'ont rien de stratégique pour le pays. Les masques de protection non plus, semble-t-il, maintenant que la grippe A s'est mystérieusement envolée. Dommage quand même de voir partir ces pépites.

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Commentaires 2
à écrit le 21/05/2010 à 13:44
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Votre analyse n'est pas fausse. Mais dans le cas de Sperian, je vous recommande d'étudier la direction actuelle ainsi que les mouvements des "anciens" comme on les appelle habituellement. Vous remarquerez que la ligne est brisée depuis la fusion de 2...

à écrit le 21/05/2010 à 10:50
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Est-ce le signe de la lassitude et du manque de confiance des fondateurs dans l'avenir? Est ce le signe de l'incapacité ou de l'impossibilité, pour quelque motif que ce soit, des héritiers à aller plus loin dans le développement de leur firme? Est-ce...

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