Du baume pour l'Europe agricole

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

La France est un peu moins seule. Sa défense de la politique agricole commune (PAC), qui doit être refondue d'ici fin 2013, rencontre plus d'échos chez les Vingt-Sept. En novembre, Paris s'est réjoui de la désignation du roumain Dacian Ciolos comme commissaire à l'Agriculture et au développement rural. En décembre, Bruno Le Maire, le ministre français de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche, a amené vingt-et-un de nos partenaires à signer un "appel" en faveur d'une PAC régulée et forte.

Et, jeudi, le parlement européen doit adopter le rapport Lyon, dont les Français ne peuvent que se réjouir. Par ce qu'il représente, par ce qu'il rappelle et par ce qu'il recommande. D'abord, ce texte est plus qu'un simple document de travail. Il permet au parlement, institutionnellement privé de tout pouvoir d'initiative mais qui a pouvoir de codécision avec le Conseil, de dire à José Barroso jusqu'où ne pas aller. Ensuite, le rapport rappelle quelques faits. L'Union, avec les élargissements de 2004 et 2007, a accru sa surface agricole de 40%. Mais elle est devenue un importateur net de produits agricoles. Un importateur important, puisqu'elle représente désormais le cinquième des achats internationaux. Le revenu par tête des paysans a diminué de 12% en dix ans et la part de la PAC dans le budget de l'Union, qui était de 85% en 1985, sera inférieure à 40% en 2013.

De ces constats, le parlement tire quelques conclusions. L'Europe doit défendre sa compétitivité face à des agricultures très subventionnées (Etats-Unis, Suisse, Japon). La future PAC devra rester une politique commune. Elle devra disposer de mesures souples pour lutter contre la volatilité des prix mondiaux, voire comporter une "politique de l'offre" dans certaines filières (lait, vins, fruits...). Autant d'avancées dans lesquelles Paris ne peut que se reconnaître. Certes, cela ne réduira pas le rejet viscéral de la PAC par la Grande-Bretagne (David Cameron en fait un cheval de bataille) et ses alliés (Suède, Danemark...). Mais, dans le combat qui s'annonce, la France peut désormais compter sur plus de compréhension. Ce n'est pas si souvent.

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