Le vaudeville des salaires

Par Valérie Segond, journaliste à La Tribune.
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Les escarmouches sur le sujet des salaires augurent mal du débat qui animera la campagne présidentielle. Dominique Strauss-Kahn, soucieux de se montrer proche des Français qui souffrent, y a été de son refrain compassionnel sur France 2, en s'adressant aux "6 millions de Français qui gagnent moins de 750 euros par mois". En leur susurrant qu' "une autre politique économique devrait pouvoir être engagée". Puis le ministre du Budget, François Baroin, s'est pris à jurer que l'objectif du gouvernement est bel et bien de permettre, "à terme, une augmentation des salaires". Pour autant, personne n'ose prendre désormais des engagements qui seront fort difficiles à tenir.

La vérité est que les gouvernements n'ont plus la main sur les salaires du privé, qui ne pourront augmenter que là où les gains de productivité laisseront du grain à moudre. Aux syndicats d'être vigilants donc, comme en Allemagne. Ensuite, si le coût horaire du travail est comparable des deux côtés du Rhin, la France n'a pas une marge de manoeuvre telle qu'elle puisse, comme en 1981, faire de la relance par une hausse générale des salaires. Nous sommes, avec l'Italie, l'un des seuls pays développés où, depuis 2000, les coûts salariaux unitaires ont augmenté plus vite que les prix. Il est vrai que cette question a été singulièrement brouillée par une erreur de l'Insee sur le coût de la main-d'oeuvre française, qui concluait, à tort, à un surcoût horaire de 4 euros par rapport à l'industrie allemande. Reste que, en France, les marges des PME n'ont cessé de se dégrader, jusqu'à devenir très faibles. Voilà pourquoi, rompant avec ses ronronnements de grand argentier, Jean-Claude Trichet a lancé un pavé bienvenu dans le débat présidentiel : "augmenter les salaires serait la dernière bêtise à faire !"

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