L’Euro-puissance… en 2025  !

A peine avancée, déjà mort-née, la proposition d'une représentation unique de la zone euro au sein du Fonds monétaire international ?
Le Fonds a sauvé l'euro... donc l'Europe, comme l'a dit la chancelière allemande, pour qui son appui était un gage de paix intérieure.
Le Fonds a sauvé l'euro... donc l'Europe, comme l'a dit la chancelière allemande, pour qui son appui était un gage de paix intérieure. (Crédits : © Stringer China / Reuters)

Pour l'instant, la proposition de la Commission de Bruxelles ne fait pas florès. Elle a même été critiquée par Pierre Moscovici au motif que ce rôle serait confié au président de l'Eurogroupe (le conseil des ministres des Finances de la zone euro) et non au commissaire européen chargé de l'euro, poste qu'il occupe actuellement.

À Paris, on fait savoir que l'on adore l'idée de Bruxelles... mais plus encore le calendrier proposé qui prévoit un basculement vers le siège unique en 2025. Le sujet peut sembler abscons. Il est en fait hautement politique.

Les « Eurozoniens » ont une histoire, des intérêts stratégiques dans le monde qui diffèrent. La position des gouvernements portugais et espagnol à l'égard d'un plan d'aide du FMI au Brésil sera forcément un peu différente de celle de l'Italie ou de la Belgique, car leurs liens commerciaux et politiques sont plus étroits.

Mais sont-ils différents au point de se passer de la force que donnerait une voix commune dans cette institution stratégique où s'est joué le sort d'économies comme celles de l'Indonésie, la Corée du Sud ou la Russie au cours des deux dernières décennies... et aujourd'hui de l'Ukraine ?

C'est la question posée par la Commission qui répond en substance :

« Non ! Au point où nous en sommes de notre propre intégration, nos intérêts communs doivent primer sur l'histoire. Regardons en avant et voyons ce que l'on peut faire de ces 23 % de votes au sein du conseil d'administration. »

"D'ici à dix ans, les dettes des pays du Sud sera libellé en Yuan"

Là se décident les détails des « plans de sauvetage » des économies grandes et moins grandes de la planète, autrement dit la redistribution des pertes entre les détenteurs de dettes publiques (banques internationales et fonds) d'un côté, et les contribuables des pays aidés, de l'autre. La désunion européenne est d'autant plus gênante que la dernière crise était... européenne et a fait du FMI une institution multilatérale financée par 188 pays, dominée par les Européens et les Américains et aidant essentiellement... les Européens qui l'ont instrumentalisé pour trancher leurs propres divergences d'intérêt.

Le non-défaut de la Grèce en 2010 s'est organisé autant à Washington qu'à Bruxelles. Et, dans les deux lieux, entre Allemands, Français et Américains. Les protestations véhémentes des pays émergents n'ont pas empêché qu'il se retrouve dans la position du « junior partner » sur le Vieux Continent.

Le Fonds a sauvé l'euro... donc l'Europe, comme l'a dit la chancelière allemande, pour qui son appui était un gage de paix intérieure. Mais il y a peu de chances pour que les choses en restent là. D'ici à dix ans, le yuan sera probablement convertible, une bonne partie des dettes souveraines des pays du Sud sera libellée dans la monnaie chinoise et le système de Bretton Woods ne survivra que s'il leur fait la place qui leur revient. Pour l'instant, les Américains ne lâchent rien.

Leur Congrès use de leur droit de veto pour dire toute l'indifférence qu'ils ont pour cette institution multilatérale, bloquer sa réforme, maintenir la suprématie de ce formidable levier de puissance qu'est le billet vert. Si les Européens arrivaient à unifier leur position et leur représentation, ils pourraient peser plus lourd dans la redéfinition du système monétaire international qui ne manquera pas d'advenir quand les puissances chinoise et américaine s'affronteront.

Un jour, il faudra repenser la conditionnalité des prêts, la relance éventuelle d'une monnaie internationale, la gestion des faillites des États. Pour peser, encore faudrait-il que les Européens consentent à leur tour à voir leur monnaie comme un levier de puissance, ce dont le monde entier s'étonne qu'ils ne soient pas capables, plutôt que comme un instrument de domination entre eux, ce qu'il est devenu, faute de réforme de sa gouvernance. L'Europe pourrait alors sauver le FMI. Elle le lui doit bien

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Commentaires 2
à écrit le 09/11/2015 à 22:28
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C EST EXAT? L EUROS A TOUJOURS ET RESTERAS UNE MONNAIE FORTE ET DEVIENDRAS UNE MONNAIE MONDIALE? RESTE A SAVOIR DANS QU EL CONDITION SE FERAS CETTE ETAT DE FAIT. ET SI LES EUROPEENS ET LES AUTRE PAYS AURONS LES MEME DROITS ET LES MEME NIVEAUX DE VIE ...

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