Ces attentats vont-ils changer la France ?

Les attentats meurtriers perpétrés par l'Etat islamique vendredi sur le sol français sont une déclaration de guerre à l'ensemble des Français. La riposte aux terroristes est nécessaire mais elle doit réunir certaines conditions matérielles et politiques.
Robert Jules

La volonté des terroristes de détruire aveuglément le plus grand nombre de vies sur le sol français a plongé le pays dans la stupeur et la sidération. Ces actes signifient que la France est clairement une ennemie pour certains.

Pour comprendre les choses, il faut les nommer. Cela a été fait tant par le président que par le Premier ministre, qui ont dit qu'il s'agissait d'une « guerre ». Celle-ci était déjà une réalité depuis des années pour nos militaires et nos services de renseignement - la France  est engagée au Mali et en Centrafrique, en Afghanistan et en Syrie -, mais cette réalité n'était que lointaine pour la majorité des Français. Depuis le carnage de vendredi, la crainte du terrorisme fait désormais partie de notre quotidien.

Séquence logique

Ces actes terroristes ne sont pas pour autant spontanés. Ils s'inscrivent dans une séquence sinon logique pour le moins troublante. Ces dernières semaines, des attentats meurtriers ont visé le Hezbollah au Liban, les Kurdes en Turquie, les Russes, avec l'explosion d'un avion au dessus du Sinaï égyptien, et enfin les Français. C'est-à-dire tous ceux qui combattent l'Etat islamique.

Ces actes ont déjà des conséquences diplomatiques : le président iranien a annulé sa visite officielle en France prévue ces jours-ci, une première en 19 ans, une occasion perdue de renouer les fils d'une relation diplomatique et commerciale avec un pays essentiel dans la région. De même, la conférence sur la recherche d'une solution de sortie de crise en Syrie qui doit prochainement se tenir à Vienne voit ses maigres espoirs se réduire comme peau de chagrin.

Ce qui diffère des attentats de janvier

Quant au sentiment qui prédomine en France - c'est palpable à Paris -, au delà de la sidération, il diffère de celui qui était présent en janvier dernier, comme si nous avions changé de dimension.

En janvier, la logique délirante et meurtrière des assassins visait des caricaturistes blasphémateurs et des Juifs, censés représenter leur ennemi Israël. Elle était mue par une volonté de détruire certaines valeurs de notre république : la liberté d'expression et l'égalité des citoyens, par le rejet du racisme en général, et de l'antisémitisme en particulier. Cette fois, c'est le pays qui est attaqué, toute personne vivant sur le sol français est désormais pour les terroristes un ennemi potentiel.

L'Etat a donc non seulement le droit mais le devoir de se défendre et de protéger ses citoyens par les moyens requis, tout en préservant les libertés du citoyen. Rappelons d'ailleurs que l'exercice de la liberté requiert un minimum de sécurité.

Moyens supplémentaires

Mais ce n'est pas tant de rhétorique guerrière, qui se déverse en flux continu en ce moment, dont on a besoin, que plus pragmatiquement de moyens supplémentaires pour nos services concernés, ce qui a un coût. Certes depuis janvier ces moyens ont déjà été renforcés et cela a permis d'éviter de nombreux attentats. Et si le risque zéro n'existe pas, en revanche on peut le diminuer.

Les spécialistes sur le terrain - juges, policiers, services anti-terroristes, renseignement militaire - n'ont cessé de répéter depuis janvier qu'il s'agissait d'une guerre contre la France, et qu'il fallait les moyens adéquats. On connait les contraintes budgétaires mais la sécurité du pays doit imposer à François Hollande et à son gouvernement de hiérarchiser les priorités. Imagine-t-on d'ailleurs pouvoir faire de la croissance économique dans un pays potentiellement dangereux ? Car chaque Français, chaque Française ou chaque étranger présent dans le pays sait désormais qu'il est une cible potentielle.

 Un langage de vérité

La première victime de la guerre est souvent la vérité. Tous nos responsables seraient bien inspirés cette fois-ci de ne pas réduire leur relation aux Français à un exercice de communication. Ils doivent tenir un langage de vérité consistant à faire ce que l'on dit et dire ce que l'on fait. On le doit à la mémoire des victimes qui n'ont eu pour seul tort vendredi d'être au mauvais endroit au mauvais moment.

Robert Jules

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Commentaires 11
à écrit le 15/11/2015 à 18:46
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Cet attentat devrait être une aubaine pour la France si elle se décidait à "faire le ménage". Au moment du carnage de Charlie Hebdo, la communauté musulmane ne faisait pas trop entendre sa voix. Si elle condamne le terrorisme, c'est tout juste "polit...

à écrit le 15/11/2015 à 18:33
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La France évoluera avec un arsenal législatif plus musclé. Politiquement, cet attentat est du pain béni pour le FN. Il faut s'attendre au pire aux régionales. Il ne faut pas faire d'amalgame mais beaucoup le feront, sans aucun doute ... Notre pays tr...

à écrit le 15/11/2015 à 17:09
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les gens iront voir Star Wars, ils iront voter pour les partis républicains, ils achèteront leur chapon et ils s'engraisseront comme des phoques le 25 décembre. Avant de se faire à nouveau exploser mi janvier peut-être.

le 16/11/2015 à 17:12
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@ mais non ça ne changera rien, comme dirait Gérard Hernadez dans Scènes de ménage " c'est pas faux"!

à écrit le 15/11/2015 à 16:35
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Dans huit jours quand nos morts seront enterrés(condoléances aux familles) nous reprendrons notre train- train habituel comme des mous que nous sommes en attendant le prochain massacre !!!il faut que nous nous réveillions et que nous réglions les pro...

à écrit le 15/11/2015 à 16:02
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Ces attentats vont-ils changer la France ? Non! Mais changer le sentiment des français vis a vis de ceux qui les gouvernent et qui n'ont d'autre programme que celui concocté par Bruxelles, Oui!

à écrit le 15/11/2015 à 15:54
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on emploi le mot "guerre " quand l'ennemi est bien déterminé avec une armée ...mais ce n'est pas le cas ...ce n'est que du terrorisme à grande échelle approvisionné par des jeunes issus de quartiers de non droit dans une société malaisée . ou les ...

le 15/11/2015 à 19:02
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@isipierre Vous avez une vue réductrice de la "guerre", c'est pourtant bien la 3° guerre mondiale qui a commencé. La progression du nombre de victimes est logarithmique. Le prochain attentat fera des centaines de morts, puis des milliers... surtout ...

à écrit le 15/11/2015 à 14:09
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Il faut d'abord comprendre pourquoi le Raid/Gign est intervenu à 00h.30, alors que les tirs dans le bataclan ont commencé vers 21h45. 2H40 de tueries tranquille. Alors que la police avec mitraillette aurait pu ralentir, en ripostant, la progression...

le 15/11/2015 à 15:44
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Moi, je ne suis pas spécialiste ni procureur, alors je la ferme !!!! Et tous ceux qui parlent de "mitraillette" ne sont certainement pas des spécialistes non plus et devraient retourner à leurs jeux vidéo !!!

le 16/11/2015 à 17:19
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Pas de GIGN = 3000 morts ? Habituellement ils négocient pour essayer de calmer le jeu mais avec ces gens là (drogués avec sais plus quelle molécule) rien à faire, à visage découvert car l'issue sera fatale.

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