Vélorution  !

Par Philippe Mabille  |   |  665  mots
Nos villes sont appelées à changer plus dans les dix ans qui viennent qu'au cours du dernier siècle. (Crédits : Reuters)
ÉDITO. Le transport étant le quatrième plus gros contributeur mondial de gaz à effet de serre, il est urgent de changer nos usages de mobilité, si l'on ne veut pas que nos villes deviennent invivables. Le vélo fait partie de la solution. Par Philippe Mabille, directeur de la rédaction.

Quoi qu'on pense de la politique de réduction de la place de la voiture menée à Paris par Anne Hidalgo, accordons-nous au moins sur un point : nos villes sont appelées à changer plus dans les dix ans qui viennent qu'au cours du dernier siècle. Dix ans, le temps d'une transition écologique devenue une urgence absolue pour des villes qui vont concentrer 70 % de la population mondiale d'ici 2050.

Changer nos usages de mobilité

Qui ne veut pas comprendre que nos villes deviendront invivables si nous ne faisons rien pour nous adapter à ces projections, refuse de regarder la réalité en face qui, de New Delhi, irrespirable, à Venise, déjà sous les eaux, est en train de nous rattraper. Deuxième point qui ne fait pas débat : le transport est le quatrième plus gros contributeur mondial de gaz à effet de serre avec 14 % des émissions, selon le Giec. En France, selon l'Ademe, c'est même le premier pollueur, et le transport routier est à l'intérieur de cet ensemble le premier émetteur de CO2. Réduire le nombre des déplacements inutiles en voiture individuelle est donc une politique cohérente et raisonnable, lutter contre les véhicules les plus polluants est conforme à l'intérêt général et l'industrie automobile, sous la pression de normes de plus en plus strictes, a fini par s'y résoudre voire, pour les constructeurs les plus avisés, par s'y préparer.

L'équation à résoudre est donc assez simple à formuler : il faut changer nos usages de mobilité. Attaquée pour sa fermeture à la hussarde des voies sur berges, la maire de Paris dit souvent que sa bataille n'est pas contre la voiture, mais contre la pollution. Le calendrier de la prochaine décennie est tracé : fin progressive de l'accès aux véhicules diesel à Paris d'ici les JO de 2024 et fin programmée en 2030 pour tous les véhicules thermiques. Cette politique, volontariste, est cohérente avec la loi LOM d'orientation sur les mobilités que vient de voter le Parlement, qui sonne le glas des véhicules à carburants fossiles (essence ou diesel) dont la vente devra cesser d'ici à 2040.

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Le vélo, partie de la solution

Ces choix n'ont rien d'exceptionnel : à New York, la campagne des municipales de 2021 portera sur la place de la voiture et sur un plan massif de développement de l'usage du vélo. Nul doute que l'environnement sera au cœur des élections municipales en France, en mars (85 % des Français le disent dans le sondage Elabe pour La Tribune et Veolia publié la semaine dernière). La nature plutôt que la voiture, certes, mais comment réussir cette transition lorsque les transports publics sont saturés, notamment à Paris et en Île-de-France ? Les investissements du Grand Paris Express sont en retard. Le vélo fait donc aussi partie de la solution, et même si Paris n'est pas Amsterdam ou Copenhague, c'est bien la vision que veut porter l'actuelle maire si elle se présente à un nouveau mandat, ce qui sera le cas courant janvier...

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Libérer Paris de la voiture, encourager la généralisation du vélo, mais aussi toutes les nouvelles formes de mobilités douces et partagées, qui connaissent une explosion encore un peu anarchique. Bref, la voiture individuelle ne va pas forcément disparaître, mais elle devra muter, s'électrifier et devenir partagée pour demeurer cet objet roulant permettant de se déplacer, lorsque l'on en a vraiment besoin. Preuve que le vélo (électrique) est l'avenir de la ville : Marc Simoncini, fondateur du site Meetic qui a transformé la vie amoureuse en ville, vient de lancer un vélo dessiné par le designer Ora Ito. Si les millionnaires de l'Internet s'y mettent, c'est sans doute que la vélorution a un modèle économique solide...