Colère blanche autour du lait

La grève du lait continue, des producteurs en ont déversé hier - place de la République, à Paris, cette fois-ci. Bruno Le Maire, le ministre de l'agriculture se démène. Bruxelles reste inflexible. Pénurie de lait en vue...

Non, pas vraiment, pas encore.

D'abord, la grève, il y a à peine 10% des éleveurs qui la suivent. Les industriels, les fabricants de yaourts, fromage et autres produits laitiers ont ensuite quelques réserves, en stock. Les grands de la distribution n'excluent pas quant à eux de s'approvisionner hors de France - si cela est nécessaire. C'est d'ailleurs l'un des problèmes. Le lait étranger concurrence de plus en plus le lait français ! Alors, pour l'instant, pas de risque de pénurie. La crise n'en est pas moins symptomatique de l'autisme bruxellois !

Cette crise, elle est d'abord d'une grande banalité.

Le prix du litre, à la production, s'est effondré - il a chuté de 30% en un an, de 50% en deux ans. Il est au plus bas. Les producteurs le vendent donc à perte. Ils perdent 10 centimes pour chaque litre vendu. Insupportable. Les consommateurs, eux, n'ont rien remarqué. Le prix du litre, du yaourt ou du fromage, sur le linéaire n'a pas baissé.

Alors, à qui la faute ? Dans cette crise, bien sûr, tout le monde se renvoie la balle. C'est la faute au gouvernement, aux distributeurs, aux industriels, à Bruxelles...

Quelles sont alors les origines de cette crise ?

Deux décisions, inspirées du libéralisme ambiant de l'époque, ont mis, le feu aux poudres, ont déstabilisé ce marché. Un. Celle de Bruxelles : la fin, d'ici à 2015, des quotas laitiers. Deux. Celle de Bercy : la fin des accords interprofessionnels, des contrats que nouaient producteurs et éleveurs.

Les quotas, les accords professionnels : c'était une double protection pour les producteurs de lait. C'était pas très libéral. Pas idéal non plus, sans doute. C'était un frein à la modernisation des exploitations. C'est sûr.  Ce système n'était plus soutenable, peut-être. De là à la supprimer complètement, on voit comment tout a fini par mal tourner.

Comment sortir, aujourd'hui, de cette crise du lait ?

D'abord, il faut savoir que cette crise, elle est européenne. Les producteurs allemands, italiens, espagnols ou autrichiens sont, eux aussi, en colère. Les solutions immédiates, les aides d'urgence accordées par l'Etat, les prêts des banques, c'est utile, ça ne règle pas le problème. C'est une nouvelle régulation, au niveau européen, qui est nécessaire. La France et l'Allemagne ont d'ailleurs, ensemble, des idées.

Ni quota, ni prix minimum, mais une plus grande transparence du marché, une prise en compte de la diversité des éleveurs, des accords plus équilibrés entre tous les acteurs de la filière...En fait, 19 des 27 pays membres de l'Union demandent une remise à plat de la politique européenne du lait, une nouvelle régulation du marché. 19 sur 27 : la Commission ne peut rester sourde. Les éleveurs pourraient faire entendre la poudre !

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