Francfort : l’auto recharge ses batteries

Au salon de l'automobile de Francfort, qui ouvre demain au public, la star cette année, c'est la voiture électrique. Tout le monde s'y met. Renault a présenté quatre modèles, Peugeot en mettra un sur le marché fin 2010 déjà. Demain, on roulera tous électrique...

Pas si vite ! Demain, ce n'est pas demain. C'est plutôt après-demain, dans quelques années en réalité !

Alors, c'est vrai, et c'est spectaculaire, les constructeurs du monde entier ont subitement découvert la lumière, l'électricité en tout cas.

Il y a un an encore, quand on leur parlait de la voiture électrique, ils en riaient. Une idée saugrenue, de journalistes sans doute, un rêve de gamin, de la pure science fiction. En France, depuis longtemps, deux gros industriels, Vincent Bolloré et Serge Dassault, y croyaient. Ils étaient la risée des gens sérieux, des constructeurs je veux dire.

Aujourd'hui, le virage est impressionnant ! Renault, Peugeot, Citroën mais aussi les allemands - BMW, Volkswagen et les autres, les japonais comme Toyota et Mitsubishi, les Américains même : tous ne jurent plus que par la voiture à batterie. A Francfort, c'est une véritable déferlante. Un changement d'ère...

Les constructeurs voient dans la voiture électrique leur planche de salut...

C'est vrai que ce virage, il s'est imposé à eux. L'automobile mondiale est l'une des industries les plus sinistrées par la crise. Elle subit en outre la montée des Verts - du sentiment écologique, je veux dire - la lutte contre le CO2, la hausse du prix de l'or noir, les progrès de la technologie enfin. Alors, pragmatiques, les constructeurs ont accepté de négocier ce virage.

Ils auraient, c'est sûr, aimé continuer à fabriquer des voitures qui polluent. Ils savent les faire. Il faut aussi amortir les énormes investissements qu'ils ont dû réaliser. Problème : les clients n'en veulent plus. Ils sont donc bien obligés de s'adapter !

Quand même, la voiture électrique pour tous, c'est pas pour demain. C'est cher...

Oui, là, on retombe sur les problèmes économiques classiques. On a beaucoup progressé sur la technologie de la voiture électrique. Elle coûte quand même encore très cher à produire. Aujourd'hui, la batterie double le prix de la voiture ! La voiture électrique coûte cher. Il faut aussi des infrastructures pour pouvoir recharger ces batteries. La voiture électrique sera un jour au même prix qu'une voiture thermique, c'est sûr. Patrick Pelata, le nouveau patron opérationnel de Renault, en faisait la promesse lundi dans « la Tribune ». Mais pas pour demain - pas avant 2012, disait-il !

La voiture électrique devait sauver les grands constructeurs. Elle pourrait au contraire paradoxalement prolonger leurs difficultés. D'en entendre parler, d'en rêver, les clients vont attendre qu'elle arrive sur le marché - à un prix accessible. D'ici là, ils n'achèteront pas de voiture. Ils garderont leur vieille auto. Un attentisme qui pourrait s'avérer dangereux. Même avec la voiture électrique, les constructeurs ne sont pas encore sortis du tunnel !

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