Histoires d'eau

Trois milliards d'habitants n'ont pas accès à l'eau potable. Le manque d'eau est un obstacle au développement économique. Le Forum mondial de l'eau, qui s'ouvre ce matin à Istanbul, va lancer un cri d'alarme

Oui, l'eau, c'est plus encore que le pétrole, le carburant clé de la croissance. L'eau, on en parle moins que le pétrole, on s'en inquiète moins. A tort. Les guerres de demain, elles seront sûrement davantage des conflits autour de l'or bleu que de l'or noir. Sans eau, pas de développement économique, des problèmes d'alimentation - l'agriculture est grosse consommatrice d'eau, des problèmes d'hygiène, de santé publique...

Alors, entre l'eau et le pétrole, il y a une grande différence, c'est que l'eau est inépuisable. L'eau, contrairement au pétrole, c'est une ressource rare qui se renouvelle. L'eau, on en a de plus en plus besoin. D'abord, parce que la population mondiale augmente - 80 millions d'habitants en plus chaque année. Qu'il y a donc de plus en plus de bouches à nourrir. Qu'avec l'amélioration de la qualité de l'alimentation, ces bouches sont aussi de plus en plus gourmandes en eau. On a de plus en plus besoin d'eau. Mais cette eau, disponible, est de plus en plus mal répartie sur la planète.

Il n'y a pas de risque de pénurie globale. Il y a en revanche de grands risques de pénuries locales ?

Exactement. Le problème de l'eau, c'est qu'elle n'est pas nécessairement là où on en a besoin. C'est qu'elle est inégalement répartie, très inégalement répartie sur la planète. Il y a des endroits où il n'y en a pas assez, il y en a d'autres où il y en a trop. Le problème aussi, c'est que l'homme a profondément perturbé le cycle de l'eau. L'urbanisation, le réchauffement climatique, l'agriculture intensive, tout cela, ça conduit à des situations de pénurie. Des pays comme l'Espagne, l'Australie ou la Chine souffrent aujourd'hui de sècheresses exceptionnelles...

Face à ces risques, que faudrait-il faire ?

Faire de l'eau une grande priorité planétaire, sûrement. Dans ce domaine, inciter à la chasse au gaspi, c'est bien, mais ça ne saurait suffire. Il faut surtout investir massivement dans des systèmes d'adduction d'eau, d'évacuation, d'irrigation, d'assainissement aussi.

Tout cela, ça nécessite beaucoup d'argent. C'est pourquoi l'eau ne saurait être une ressource gratuite. L'eau gratuite, c'est l'assurance d'énormes gâchis. On le voit dans des pays comme l'Argentine où l'eau est très bon marché. A Buenos Aires, on arrose à grandes eaux tous les matins les trottoirs des quartiers chics quand les banlieues n'ont pas accès à l'eau potable. L'eau est une ressource naturelle, une ressource rare. Elle a un coût, elle doit être payée - pour partie au moins par le consommateur final. Le débat est tranché chez nous, il ne l'est pas encore dans la plupart des pays de la planète. Il y a pourtant urgence. C'est l'un des enjeux du Forum cette semaine à Istanbul.

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