La crise n'est pas finie

Le plan de sauvetage des banques américaines aurait-il déjà fait long feu ? On voit se multiplier, sur les marchés, les interrogations sur sa pertinence. Alors, la crise est finie?

Encore une fois, désolé de vous décevoir, désolé de devoir jouer l'oiseau de mauvais augure, mais il y a aujourd'hui une chose certaine, c'est que la crise n'est pas finie. Les marchés ne sont pas, de ce point de vue, un bon thermomètre. Ils font preuve en permanence d'une exubérance irrationnelle, à la hausse comme à la baisse qui n'a guère de signification.

Non, si la crise n'est pas finie, c'est que le plan mis au point par l'administration américaine et soutenu, hier, par l'ensemble des pays du G7, ce plan donc, malgré son ampleur, ne règle pas tous les problèmes. D'abord, et ce ne sera pas chose facile, il faut qu'il soit adopté par le Congrès, un Congrès dominé, dans ses deux chambres, par les Démocrates. Sûr qu'en cette période électorale, ceux-ci vont faire payer cher leur soutien à cette dernière action du président Bush. Barack Obama, le candidat démocrate a d'ailleurs déjà changé de posture sur le sujet. Dimanche, il applaudissait. Lundi, il était beaucoup plus critique.

Au delà, la crise immobilière n'est pas finie ?

Oui, et c'est sans doute le plus important. La crise immobilière, c'est, il faut le rappeler, la source première de cette crise, celle qui a rendu des centaines de milliers de ménages américains incapables de rembourser leurs prêts. Cette crise, elle continue. Les prix des logements continuent là-bas de chuter - -16% sur un an en juin ! Les mises en chantier sont au plus bas ; les défauts de paiement au plus haut. Sur ce point, le plan ne propose pas grand chose.

D'autres éléments incitent à penser que la crise, financière, n'est pas finie. Les banques refusent toujours aux Etats-Unis de se prêter entre elles ; la preuve que la confiance n'est pas vraiment revenue. Certaines vont encore révéler l'existence d'actifs pourris massifs dans leurs comptes. Les mesures techniques prises ces derniers jours pour empêcher la spéculation n'auront qu'un effet temporaire, tout le monde en est convaincu. Enfin, ce plan finira par poser la question du crédit de l'Etat américain. Jusqu'où peut-il s'endetter pour sauver les banques. Pour l'instant, pas de problème. Pas sûr que ça dure !

La crise financière n'est pas finie, la crise économique non plus...

Alors, pour la planète finance, la crise n'est pas finie, on a quand même ces derniers jours, changer de monde. On va s'y engager aussi dans une vague générale de rerégulation. Le président français Nicolas Sarkozy plaidera d'ailleurs, aujourd'hui à New York, en faveur d'une moralisation des marchés, d'une meilleure surveillance aussi. Cela étant, ça mettra du temps.

Pour la crise économique, celle ci, c'est vrai, ne fait sans doute que commencer. Aux Etats-Unis, bien sûr où l'activité devrait être raplapla pendant dix huit mois au moins. Dans le reste du monde aussi, en France notamment. Christine Lagarde a ramené, hier, ici, ses prévisions de croissance pour 2008 et 2009 à 1%. Elle parle d'une croissance "molle". Elle n'a pas tort. La crise financière, c'est comme le nuage de Tchernobyl, impossible d'y échapper.

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