Tsunami II

Madoff, c'est dix Kerviel ! Le courtier américain Bernard Madoff a fait perdre à ses clients, des banques, des fonds, des grandes fortunes, près de 50 milliards de dollars. Une nouvelle bombe pour la finance mondiale, Erik Izraelewicz ?

Oui, un nouveau tsunami. Comme si elle en avait besoin. Alors, bien sûr, on peut dire, et c'est vrai, des escrocs, et Bernard Mudoff en est un, il y en a partout, dans tous les métiers. Pas de raison que la finance échappe à la règle. En plus, l'escroquerie, dans cette affaire, elle n'était pas très originale. Bernard Madoff faisait ce que l'on appelle, dans les milieux financiers, de la cavalerie. Il collectait des fonds en promettant des rendements miraculeux. Il rémunérait ses anciens clients avec l'argent des nouveaux. Une course folle...Une technique aussi vieille que la finance.

Le problème, c'est d'abord l'ampleur du scandale. Bernard Madoff avait des clients partout - des banques américaines ou européennes, des milliardaires, des fondations caritatives...Il avait mobilisé plusieurs dizaines de milliards de dollars. Avec les subprimes, le système financier était déjà bien bancal. C'est un nouveau coup de canif qui va le déstabiliser davantage encore. Au-delà des pertes d'argent, colossales, ce scandale affecte surtout le crédit du système de régulation de la finance américaine.

Bernard Mudoff était très respecté à Wall Street, l'un des piliers de la finance américaine...

Oui. Un pilier vermoulu, on l'apprend aujourd'hui. Bernard Mudoff a été pendant plusieurs années une personnalité importante, influente de Wall Street. Il a été le président du Nasdaq, la bourse électronique de New-York. Il faisait même partie de son comité de rémunération. Il était très proche du gendarme de la Bourse américaine, de la SEC. Vous savez, la SEC, ce gendarme dont on nous vantait, ici, la probité, l'efficacité, l'intelligence, sur lequel la France, l'Europe devait prendre exemple. La SEC, ce gendarme avait d'ailleurs ouvert une enquête sur les agissements de Bernard Mudoff. Il y avait quand même anguille sous roche ! Comme par hasard, elle l'avait très rapidement close. Pour couronner le tout, Bernard Madoff avait été nommé, il y a quelques mois, au sein d'une commission chargé de renforcer la régulation des marchés.

L'affaire révèle les faiblesses du gendarme...

Les failles, gigantesques. Oui, et c'est cela qui est le plus inquiétant. C'est cela qui va miner, profondément et pour longtemps, la finance américaine. Comment faire confiance à un gendarme aussi négligent, pour ne pas dire plus ! Il va falloir du temps pour combler les trous provoqués dans les comptes des banques par la crise du subprime, puis par ce nouveau scandale. Il en faudra plus encore pour rétablir la confiance dans les mécanismes de contrôle du système.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.