Le Royaume-Uni, nouvelle étape de l'offensive commerciale ferroviaire chinoise

Si le secteur énergétique a dominé le premier jour de la visite du premier ministre Li Keqiang au Royaume Uni, un accord de principe est aussi venu ouvrir la possibilité d’une participation chinoise au futur réseau ferroviaire à grande vitesse britannique. Cela s’inscrit dans la stratégie commerciale de la Chine sur ce créneau. Par Jean-François Dufour, Directeur, DCA Chine-Analyse.
"La Chine devrait participer au projet HS2. "Il constituerait le premier réseau à grande vitesse du Royaume Un", avance Jean-François Dufour. /DR

Le Premier ministre chinois Li Keqiang confirme son rôle de VRP de poids de l'industrie ferroviaire chinoise. Sept mois après avoir mis en route un groupe de travail commun sur le développement de la grande vitesse en Roumanie, et un mois après avoir paraphé des projets de construction de lignes (classiques) majeures au Nigeria et au Kenya, il a donc conclu un accord de principe sur la participation de la Chine au projet HS2, qui constituerait le premier réseau à grande vitesse du Royaume Uni, après la ligne reliant le Tunnel sous la Manche à Londres.

 

La China Delopment Bank intégrée au financement du projet

Pour obtenir cet accord, la Chine s'est appuyée sur son argument majeur dans tous les grands projets d'infrastructures à l'étranger : les financements. C'est en effet par l'intégration de la China Development Bank (CDB) au financement du projet que passerait sa participation.

La CDB peut certes se prévaloir d'une forte expérience en matière de financement de la grande vitesse ferroviaire. Impliquée dans celui du réseau national chinois, plus de 7% de ses énormes encours de crédit sont engagés dans le secteur ferroviaire.

Le financement des infrastructures nationales est en effet la première mission de la CDB, banque « politique » dont les statuts stipulent que « sa démarche d'affaires s'aligne sur la stratégie économique nationale ».

 

La CDB soutient les entreprises chinoises

Dans ce cadre d'action, le deuxième volet de la mission de la CDB consiste dans le soutien au développement des entreprises chinoises.

Dans le ferroviaire, et plus précisément sur le créneau de la grande vitesse, la banque a déjà joué ce rôle : en 2006 c'est un prêt de 2,5 milliards de dollars de la CDB qui avait permis à CSR, l'un des deux grands constructeurs chinois de matériel roulant, de financer le développement de ses propres modèles de rames à grande vitesse, à partir des transferts de technologies obtenus du japonais Kawasaki.

 

Seul les projets Chinois bénéficieront des aides de la CDB

Parallèlement, en terme de développement international, tous secteurs confondus, la politique de la CDB est très claire : les projets qu'elle soutient impliquent systématiquement des commandes à des fournisseurs chinois.

Son engagement dans le projet HS2 visera donc deux objectifs : une implication des grandes entreprises chinoises de la construction dans les chantiers des lignes. Et une intégration de l'offre chinoise dans les options considérées pour leur équipement en matériel roulant.

Le profil des rames destinées à équiper le projet HS2 n'a en effet pas encore été défini précisément ; et il y aurait là une occasion à saisir pour des constructeurs chinois dont les modèles CRH font fonctionner le plus grand réseau à grande vitesse ferroviaire au monde, mais recherchent toujours leur première commande à l'exportation.

Alors que les TGV d'Alstom roulent jusqu'à Londres, il est certain que CNR et CSR, les deux grands constructeurs chinois de rames à grande vitesse, se verraient bien prendre le relais plus au nord.

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Commentaire 1
à écrit le 19/06/2014 à 18:26
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Leurs trains font Tchou-Tchou.

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