Après une année 2022 tumultueuse, comment mener le monde vers plus de résilience ?

OPINION. Alors que le dernier G20 de l'année, marqué par l'absence de Vladimir Poutine, se termine ce mercredi 16 novembre, l'heure est au bilan géopolitique et économique, qu'il soit global ou régional, pour mieux guider le monde à travers les nouveaux tumultes qui l'attend. Et cette année plus que les précédentes, de nombreuses questions méritent réponses auxquelles veut répondre la 5e édition du Dialogue des Continents (1). Par Victor Warhem, économiste, et Marc Uzan, directeur du Centre de Politique Européenne (cep) Paris.
Les leaders des pays du G20 lors du sommet en Indonésie réunis dans une plantation de mangroves, à Bali, le 16 novembre.
Les leaders des pays du G20 lors du sommet en Indonésie réunis dans une plantation de mangroves, à Bali, le 16 novembre. (Crédits : Reuters)

L'année 2022 a en effet été on-ne-peut-plus riche en évènements, avec comme trame de fond l'invasion russe de l'Ukraine débutée le 24 février. Cette journée déjà historique a été le révélateur d'une évolution profonde des rapports de forces géopolitiques, caractérisée également par le rapprochement « illimité » entre la Chine et la Russie entériné quelques semaines avant le commencement du conflit. Elle a également révélé le désir de non-alignement de la part de l'Inde qui n'a toujours pas condamné explicitement l'invasion.

Par ailleurs, elle a ressoudé l'Occident autour d'une stratégie d'endiguement à l'encontre de la Chine et de la Russie, comme en témoigne la nouvelle stratégie américaine destinée à explicitement « contenir » la Chine en maintenant coûte-que-coûte un avantage technologique, économique, politique ou encore militaire américain à leur encontre.

La Chine, rivale de l'Europe

De même, la reconnaissance européenne du fait que la Chine n'était plus « partenaire, concurrente et rivale », mais bien rivale dans la plupart des domaines, souligne la distance que les institutions européennes souhaitent prendre vis-à-vis de la puissance extrême-orientale. Les temps à venir conduiront-ils à une exacerbation de ces tensions, ou au contraire à une détente ?

Le dernier G20 de l'année montre malgré tout que les grandes économies de la planète refusent d'entrer dans « une époque de guerre ». Néanmoins, il s'agit du seul point de concorde à l'heure où les groupes de travail de l'enceinte de négociation sur les sujets financiers, de politique étrangère, et ceux liés à la lutte contre le changement climatique, n'arrivent plus à produire de communiqués communs. En effet, alors que la Terre a plus que jamais besoin d'un forum mondial pour parvenir à des accords relatifs au changement climatique, à la prolifération nucléaire, à la lutte contre les pandémies ou encore pour faire face au défi énergétique, l'enceinte de négociation la plus importante de la planète de ces quinze dernières années est paralysée. La gouvernance globale est en quête d'un nouveau modèle. Est-elle capable de se réinventer ? Comment devrait-on procéder ?

Où va l'économie mondiale?

Au-delà des tensions géopolitiques et de l'inefficience de la gouvernance globale, il convient également de se questionner sur la santé économique du monde. L'année 2023 sera-t-elle synonyme de récession ou d'essor économique ? La succession de crises mondiales (pandémie, regain de tensions géopolitiques) témoigne-t-elle d'un basculement vers une nouvelle époque pour l'économie mondiale et les relations internationales, marquée par les pénuries chroniques, l'inflation persistante, et le « friendshoring », c'est-à-dire le découplage économique du monde « libre » du monde « autoritaire » ?

En outre, l'Union européenne, prise dans le nouveau tumulte de l'Histoire, est-elle capable de relever tous les défis qui lui incombent ? L'intégration économique et politique doit-elle se poursuivre en Europe pour faire face aux écueils des prochaines années et plus largement du XXIe siècle ?

Enfin, l'Asie Centrale, région qui retrouve en 2022 toute sa valeur stratégique compte tenu de sa volonté d'émancipation des girons russe et chinois, peut-elle trouver une manière de continuer son rapprochement avec l'Ouest sans encombre ? Comment améliorer la connectivité avec l'Union européenne notamment dans ce contexte ? Comment éviter également que les voisins russes et chinois n'agitent la menace militaire pour protéger le sphère d'influence ?

Toutes ces questions, qui ont animé les débats internationaux cette année, seront posées à l'occasion de la 5e édition du Dialogue des Continents (1), qui cherchera ainsi à mieux comprendre « le monde aux crises multiples » dans lequel nous vivons - qu'il s'agisse de pandémies, de guerres ou de changement climatique - et dans lequel, de plus en plus, les relations économiques internationales sont instrumentalisées à des fins de sécurité nationale et d'enjeux géopolitiques.

La fin de l'abondance

Par ailleurs, alors que le président Emmanuel Macron a annoncé en août « la fin de l'abondance », la conférence, se concentrera sur la résilience comme impératif pour aller de l'avant. Selon l'économiste Nouriel Roubini, qui interviendra lors de l'événement, la résilience sera nécessaire pour faire face aux dix « méga-menaces » interconnectées qui menacent le monde - notamment le surendettement, la formation de nouveaux blocs géopolitiques, ainsi qu'une inflation constamment élevée et des perspectives de croissance durablement faibles. Alexander Rodnyansky, qui participera également à la conférence, apportera un point de vue unique sur la résilience en tant que conseiller spécial du président Zelensky d'Ukraine.

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(1) Cette conférence de haut-niveau, fruit d'une collaboration entre le Reinventing Bretton Woods Committee (RBWC), le Centres for European Policy Network (cep Network) et SRM (Centre de recherche économique d'Intesa Sanpaolo) sera organisée à Paris les 28 et 29 novembre prochains.

Les détails du programme et l'accès au livestream de l'événement sont disponibles en cliquant ici.

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