De l'importance des premières actions pour réussir le développement durable

OPINION. La mise en œuvre de politiques ad hoc pour assurer un développement durable ne sera pas uniforme sur l'ensemble de la planète. La technologie peut aider les entreprises à relever un défi urgent. Par Olivier Kuziner, General Manager APAC chez Ekimetrics.
(Crédits : Reuters)

Depuis l'aube de la révolution industrielle, le lien entre croissance économique basée sur l'utilisation d'énergie fossile et le volume d'émission de gaz à effet de serre est bien établi. Cependant, comme l'a fait remarquer l'hebdomadaire The Economist, une décorrélation est en œuvre. Plus d'une trentaine de pays industrialisés, représentant 1 milliard d'habitants, ont réussi à obtenir une croissance de leur PIB tout en diminuant leurs émissions. Deux dynamiques expliquent cette situation : le changement de nature des économies (plus de services, moins d'industrie) et des importations qui sont devenues plus « vertes » par nature.

Convaincre le « middle management »

En Asie, zone qui a profité d'un phénomène de transfert d'industrie au cours des trente dernières années, la contribution de la technologie est un grand thème de travail des entreprises pour 2023. On parle là de l'utilisation de l'intelligence artificielle et des data science pour s'engager sur la voie du développement durable. Trois piliers sont principalement concernés : l'approvisionnement, la supply chain et le Green IT (la puissance informatique « verte »). Cependant, si les conseils d'administration ont une vision claire de la direction à prendre, il existe un « ventre mou » de middle management dont l'expérience des actions en faveur du développement durable se résume, hélas, à un impact négatif quasi immédiat sur le compte de résultat. La rentabilité des investissements nécessaires ne serait pas au rendez-vous, tout au moins sur le court terme. D'où une situation bancale, où la volonté d'œuvrer pour le développement durable existe dans de nombreuses sociétés alors que les investissements pour y parvenir restent les parents pauvres de l'entreprise.

Comment faire pour réconcilier vision et action immédiate ?

Le meilleur moyen est de définir une méthodologie en trois temps, mesurer, décider et optimiser, avec l'aide de l'intelligence artificielle et des data sciences. Ces outils permettent aux entreprises de cartographier les impacts directs et indirects de leurs opérations d'aujourd'hui, incluant leurs diverses chaînes d'approvisionnement, leurs catégories de produits et les marchés servis. Fort de cette mesure, on peut imaginer une réponse rapide pour commencer à agir en quelques semaines puis une action soutenue, mais diffuse sur le long terme.

Métriques et cas d'utilisation importants doivent permettre d'engager la transition d'une économie linéaire, basée sur la seule croissance du PIB, à une économie circulaire, où le réemploi des ressources prédomine. Cela signifie aussi passer d'une économie extractive à une économie régénérative, d'une économie exploitante à une économie contributive. Il faut noter que le concept d'économie circulaire existe depuis longtemps. L'idée que les déchets d'une industrie deviennent la nourriture ou le carburant d'une autre n'est pas neuve, mais elle n'est pas suffisamment développée sur la planète.

Apprendre à rouler à bicyclette

Après avoir réalisé la première étape de la mesure, il est facile de prendre les dispositions à efficacité rapide puis de systématiser l'exercice sur le long terme, en incluant également les partenaires de l'entreprise. Au vrai, cela forme le socle des étapes recommandées par le Giec :  Scope 1, Scope 2 et Scope 3. On part des émissions directes liées à la consommation d'énergie (Scope 1) ; on inclut la somme des émissions produites indirectement par l'entreprise lorsqu'elle produit ou achète de l'électricité (Scope 2) ; on termine par la prise en compte des émissions de l'écosystème (Scope 3).

La décarbonation de l'économie est un peu comme apprendre à rouler à bicyclette. Les premiers tours de pédale sont incertains, mais, rapidement, l'équilibre et le mouvement s'accordent pour toujours : on n'oublie jamais comment monter à bicyclette. Il en est de même pour le sujet de la décarbonation, à condition de systématiser la pratique.

Ajoutons qu'il est permis d'être proactif au moment de la conception et de la fabrication des produits. En France, une entreprise comme MicroEJ, permet de concevoir des circuits électroniques dont les fonctions sont définies et modifiables par le logiciel. De cette manière, le temps d'utilisation du circuit peut être significativement allongé tout en modulant à la basse la consommation d'énergie liée à son fonctionnement. Autre exemple d'innovation liée à la décarbonation de l'économie, la société Enogia fabrique des turbines pour produire de l'électricité à partir de la chaleur fatale permettant un réemploi de l'énergie dissipée dans un cycle de production. Ces deux exemples prouvent qu'il est permis d'être optimiste en matière de développement durable.

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Commentaires 4
à écrit le 11/02/2023 à 10:11
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Sans être méchant, tous ces outils existent déjà, pas besoin d'appeler ça intelligence artificielle!!! En outre le pb n'est pas la, le pb est dans la définition des choses à faire, en clair des objectifs, et la c'est pas rendu et c'est pas un rése...

à écrit le 11/02/2023 à 9:51
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On parle sans cesse de "développement" mais on a toujours l'impression de reculer, si en plus, elle est "durable", on n'est pas prêt de s'en sortir ! ;-)

à écrit le 11/02/2023 à 9:48
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On parle sans cesse de "développement" mais on a toujours l'impression de reculer, si en plus, elle est "durable", on est pas prêt de s'en sortir ! ;-)

à écrit le 11/02/2023 à 9:05
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"développement durable" est un oxymore : "Développement" fait penser à croissance, or si l'humanité veut durer, il faut à tout prix qu'elle décroisse

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