En 2030, Emirates espère utiliser du carburant durable pour la moitié de ses besoins en kérosène

La compagnie aérienne de Dubaï, Emirates, a annoncé lundi vouloir incorporer 50% de carburant durable pour tous ses vols d'ici à 2030.
Un Boeing 777-300ER de Emirates Airlines a volé avec un carburant totalement sans pétrole ce lundi.
Un Boeing 777-300ER de Emirates Airlines a volé avec un carburant totalement sans pétrole ce lundi. (Crédits : Reuters)

La course à l'avion vert s'accélère. Et s'étend au Moyen-Orient. Ce lundi, Emirates, la compagnie aérienne de Dubaï, a effectué un premier vol de démonstration (sans passager) avec un Boeing 777-300ER alimenté à 100% en carburant durable d'aviation (SAF). Il s'agit d'une démonstration technologique de Emirates puisque seuls quelques moteurs d'avions nouvelle génération sont capables de voler avec 100% de biocarburants.

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Les moteurs traditionnels ne sont en effet pas autorisés à incorporer plus de 50% de SAF pour le moment. Dans le même temps, la compagnie de Dubaï a annoncé vouloir atteindre les 50% de carburant durable pour ses vols d'ici à 2030.

A l'origine de cette communication d'Emirates, une volonté pour les Emirats arabes unis de se montrer très actifs sur le développement durable aux yeux du monde. L'émirat de Dubaï, plateforme majeure du transport aérien mondial, accueille en fin d'année la prochaine conférence de l'ONU sur le climat (COP 28) et veut faire taire les critiques des ONG accusant le pays d'être fortement émetteur de CO2.

Un carburant vert qui manque

« Si, d'ici 2030, 50% du carburant provient des SAF, ce serait une grande avancée, mais cela dépendra de la capacité des entreprises à les produire et à les livrer aux aéroports », a toutefois prévenu Adel Al-Redha, chef des opérations à Emirates. Pour rappel, l'Union européenne table sur 10% à la même date.

Pour l'instant, les ONG de défense de l'environnement accusent le secteur aérien de faire la promotion disproportionnée de ces carburants alternatifs qu'il n'utilise pourtant, selon elles, que de façon extrêmement marginale. Air France KLM, par exemple, n'utilise que 1% de SAF dans ses vols au départ de France actuellement.

L'un des facteurs principaux de la faible utilisation de SAF dans les avions est le manque de production. « Les compagnies (...) s'arrachent la totalité du carburant durable produit. Il s'agit d'en produire plus. Et les compagnies pétrolières doivent s'y mettre », prévenait déjà en juin le directeur général de l'Iata, Willie Walsh. En 2019, la production de SAF n'était que de 25 millions de litres, selon l'Iata, tandis que l'aviation a consommé quelque 413 milliards de litres de carburant la même année, d'après les chiffres de l'Agence internationale de l'énergie.

Une production qui prend son envol

La production a cependant nettement augmenté à 200 millions de litres en 2022, selon l'Iata, qui espère parvenir à 30 milliards de litres par an en 2030 dans son ambitieux projet de « zéro émission nette » de CO2 pour le transport aérien à l'horizon 2050.

Fort de l'essor du bio carburant, en décembre 2022, Air France a d'ailleurs signé avec TotalEnergies un protocole d'accord pour la fourniture de 800.000 tonnes de SAF sur une période de 10 ans, à partir de 2023. « Ce carburant d'aviation durable sera produit par TotalEnergies dans ses bioraffineries et sera mis à la disposition des compagnies du Groupe Air France-KLM, principalement pour les vols au départ de la France (conformément à la législation française) et des Pays-Bas », avaient fait valoir, à l'époque, les deux groupes dans un communiqué.

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Les SAF développés par TotalEnergies sont des biocarburants produits à partir de déchets et de résidus issus de l'économie circulaire (graisses animales, huiles de cuisson usagées, etc.) et des « e-jets », carburants de synthèse pour l'aviation. Le groupe a pour ambition d'en produire 300.000 tonnes par an à horizon 2024-2025 et 1,5 million de tonnes à horizon 2030. Ils permettent « en moyenne une réduction d'au moins 80% des émissions de CO2 sur l'ensemble du cycle de vie, en comparaison à leur équivalent fossile », selon le communiqué. La société franco-néerlandaise entend de son côté intensifier le recours aux SAF avec « au moins 10% d'incorporation sur l'ensemble de ses vols (d'ici à 2030), et 63% en 2050 » a indiqué le groupe dans un communiqué publié ce mois-ci.

Les SAF encore trop chers

Facteur important pour le développement des carburants verts : leur prix. Pour l'instant, les SAF sont trois à quatre fois plus chers que le kérosène d'origine fossile faute d'une production importante qui pourrait tirer les prix vers le bas.

Et pour Adel Al-Redha, les producteurs devront aussi « proposer des prix abordables » car des coûts élevés seraient un « obstacle pour les compagnies aériennes ou les entreprises », a-t-il dit à l'AFP. La généralisation des vols bas carbone ne semble donc pas être pour demain.

(Avec AFP)

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