Il est urgent que le pouvoir central se reconnecte avec la France des territoires

[OPINION] Emmanuel Macron fait usage de méthodes de gouvernance ultra-centralisées sans opérer une véritable répartition des compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat. Cela en dépit de sa promesses initiale de réaliser une véritable décentralisation. Lettre ouverte d'Olivier Richefou, président (UDI) du Conseil départemental de la Mayenne.
Olivier Richefou, Président (UDI) du Conseil départemental de la Mayenne
Olivier Richefou, Président (UDI) du Conseil départemental de la Mayenne (Crédits : Droits réservés)

« Quelques jours seulement après votre élection à la Présidence de notre République, vous déclariez, je cite : « Présider la France, c'est permettre à chaque commune, chaque département, chaque région, de devenir un territoire de la réussite ». Vous vous engagiez alors à bâtir avec les collectivités territoriales, « un dialogue fondé sur la confiance, la liberté et le respect des initiatives prises sur le terrain ».

Au terme du quinquennat de François Hollande marqué par nombre de turpitudes institutionnelles et technocratiques, d'imprévisibilités aussi, les élus ont donc majoritairement accueilli favorablement cette profession de foi, séduits par votre volonté de stabiliser l'organisation institutionnelle de la nation et de co-construire avec eux un mode opératoire visant à rétablir ses comptes publics.

L'histoire a bien débuté mais très vite vos discours déclaratifs pleins de bonnes intentions ont cédé la place à des signes de défiance à l'égard des élus et des territoires au point qu'aujourd'hui votre capacité à réformer le pays est clairement mise en doute par nos concitoyens et qu'un Français sur trois estime vivre dans un territoire délaissé par les pouvoirs publics.

La raison de ce désamour est à rechercher, d'une part, dans la méthode de gouvernance ultra-centralisée d'un exécutif qui donne le sentiment que l'Etat est tenu par un cénacle de technocrates et de hauts fonctionnaires, notamment de Bercy, qui décident de tout, d'autre part, d'une vision de l'aménagement de l'espace d'inspiration quasi-exclusivement métropolitaine bénéficiant de tous les égards, et confinant de fait à l'isolement, les territoires qui n'entrent pas dans cette catégorie, qu'ils soient urbains ou ruraux, les laissant se contenter de peu.

Ce n'est pas ma conception de l'avenir de la France. Pour ma part, je préfère une approche consistant à tenir compte de la différenciation des territoires, de leurs spécificités socio-économiques, géographiques et démographiques qui en font sa richesse.

Cette France est celle des communes, des intercommunalités, des départements et des régions, cette France dont l'émancipation et la responsabilité des élus et des acteurs locaux sont des facteurs clés de la transformation de notre société. Garants des solidarités humaines et territoriales, ils portent l'essentiel des investissements publics et démontrent quotidiennement leur capacité à innover, à expérimenter et à répondre, en proximité, aux besoins de nos concitoyens, notamment les plus fragiles.

Ce n'est pas un hasard si certaines initiatives locales font référence au niveau national. Elles sont le fruit de l'audace et parfois de la transgression. Elles se fondent toutes sur des objectifs concrets, réalistes et financièrement soutenables: c'est le cas en Mayenne avec des expériences aussi diverses que l'approvisionnement local dans la restauration scolaire des collèges (avec des repas dont le coût est déjà inférieur à 1 € !), les maisons d'assistantes maternelles pour répondre à l'accueil en horaires atypiques de la petite enfance, le service médical de proximité faisant appel à un compagnonnage intergénérationnel pour pallier l'insuffisance de médecins traitants pour les patients, les internats d'excellence pour les élèves en décrochage scolaire, l'accompagnement vers l'emploi de celles et ceux qui en sont le plus éloignés.

Monsieur le Président, il est urgent que le pouvoir central se reconnecte avec cette France des territoires et rétablisse le dialogue avec les élus locaux en s'inspirant d'Emmanuel-Joseph Sieyès, l'un des pères de la Révolution française, qui avait bien compris que si « le pouvoir vient d'en haut, la confiance doit venir d'en bas ».

La France ne réussira et ne se redressera économiquement, socialement et moralement qu'en faisant confiance qu'aux acteurs de terrain. Elle ne réussira que si une nouvelle gouvernance co-gérée des affaires publiques entre l'Etat et les collectivités territoriales s'affirme par l'avènement d'une nouvelle grande étape de la décentralisation, gage de prospérité et de croissance.

Monsieur le Président, c'est tous ensemble, Etat et élus locaux, que nous réussirons, unis dans un même destin et animés d'un sentiment d'estime réciproque fondé sur une conception partagée de la République...décentralisée ».

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Commentaires 2
à écrit le 26/09/2018 à 15:07
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Il faudrait tout de même éviter la cogestion et bien affecter une fonction complète à un seul niveau. Chaque fonction doit être associée à une recette, soit décidée par le niveau qui la porte (impôt local) soit relevant d'une redevance avec des unité...

à écrit le 26/09/2018 à 14:21
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Quand on est au service de cet administration hors sol qu'est l'UE de Bruxelles, ce ne sont que des sujets "inexistant" a laisser décanter et moisir! Les promesses faites, ne concernent que ceux qui ont voulue y croire et permettent d'endormir les p...

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