L'Union européenne met les forêts françaises en danger !

OPINION. Une directive du Parlement européen veut réduire la part du bois primaire dans les énergies renouvelables. Cette nouvelle orientation privera l'accès à certains financements pour l'exploitation du bois, ce qui risque de la mettre en difficulté la filière notamment en France. Par Loïc Rousselle, professeur de physique, porte-parole national et membre du bureau politique du parti Ecologie au Centre.
(Crédits : Reuters)

Une nouvelle directive du Parlement européen vise à accroitre la part d'énergies renouvelables dans la consommation globale d'énergie de l'Union européenne (UE) d'ici à 2030 : elles devront représenter 45% de l'énergie consommée dans l'UE. Les députés ont par ailleurs adopté des amendements appelants à la réduction progressive de la part du bois primaire considéré comme énergie renouvelable.

Cette décision incompréhensible est contradictoire avec l'objectif de réduction des émissions de gaz à effets de serre (le dioxyde de carbone en particulier) qui justifie et légitime, rappelons-le, toute la politique énergétique de l'Europe. Dans son étude « Transition(s) 2050 », publiée l'an dernier, l'ADEME a exploré quatre scénarios qui pourraient conduire à la neutralité carbone en 2050. Il en ressort qu'aucun ne peut se passer de l'exploitation du bois dans les secteurs de la construction, des matériaux ou de l'énergie. La position de l'UE est aussi un véritable coup de poignard dans le dos de toute la filière bois énergie française, car si le bois cesse d'être considéré comme une énergie renouvelable, cela implique l'arrêt des subventions liées à ce statut... Or, ces subventions sont nécessaires au développement de cette filière et à son équilibre financier.

Le bois : une énergie renouvelable

« Une énergie renouvelable est une source d'énergie, considérée comme inépuisable à l'échelle du temps humain, qui n'engendre pas ou peu de déchets ou d'émissions polluantes. Elles se distingue des énergies fossiles, polluantes et dont les stocks diminuent. » Cette définition, largement acceptée, s'applique parfaitement à la filière bois énergie française.

La croissance d'un arbre résulte de la photosynthèse. Sous l'action de l'énergie lumineuse du soleil, l'eau pompée par les racines de l'arbre réagit avec le dioxyde de carbone de l'air absorbé par les feuilles de l'arbre pour être transformé en matière organique. Le bois issu de cette photosynthèse séquestre donc le dioxyde de carbone efficacement à condition que la quantité totale de bois augmente... Ce qui est le cas en France puisque la part du territoire national couvert de forêts est passé de 13% en 1945 à 31% aujourd'hui et continue de croître. L'effet « puits de carbone » lié à l'extension de la surface forestière française est encore accentué par l'amélioration des sols constatée lors de l'implantation d'une forêt : l'augmentation de la quantité de matière organique dans le sol y stocke du carbone comme les travaux de l'INRA l'ont démontré.

Une exclusion arbitraire

L'un des principes fondateurs de l'Union européenne est le principe de subsidiarité, c'est-à-dire que les décisions doivent être prises au niveau le plus local possible, le parlement se bornant à fixer un cap clair. Puisque l'objectif affiché du parlement européen est de réduire nos émissions de gaz à effets de serre, les États membres devraient, en vertu du principe de subsidiarité, être libres de choisir la méthode la plus adaptée aux spécificités locales pour atteindre l'objectif fixé. En cherchant à favoriser certaines technologies ENR (solaire et éolien) au détriment d'autres ENR telles que la biomasse, le parlement européen sort clairement de son rôle.

En France, le bois énergie représente 32,9% du total des ENR,  c'est de loin la première de nos énergies renouvelables. Le vote du 14 septembre dernier ne tient absolument pas compte de cette réalité locale.

Les députés européens qui ont voté cette directive ont-ils conscience du nombre d'emplois locaux en jeu ? La filière bois représente 450.000 emplois en France, répartis sur tout le territoire, essentiellement dans les activités de transformation du bois car, en France, le bois est d'abord utilisé pour l'ameublement et le bois duvre, seules les parties non exploitables de l'arbre sont valorisées en bois de chauffage.

La filière bois française victime collatérale

Ce n'est un secret pour personne, actuellement la question de l'atome est au cœur d'un affrontement franco-allemand qui se déploie avec une intensité rare au sein des institutions européennes. Tous les coups sont permis : chantage, marchandages, lutte d'influence sont les ingrédients de cette guerre qui tient en haleine les spécialistes du secteur. Cinq projets législatifs en cours ont défait les frais de cette lutte acharnée, dont les énergies renouvelables... Et donc la filière bois énergie française ! Cette lutte est loin d'être terminée car les prochains textes stratégiques à voter concerneront la réforme du marché européen de l'électricité et la manière de développer dans l'UE une industrie verte compétitive face aux offensives chinoises et américaines.

La filière bois énergie française et les emplois qui lui sont associés se retrouvent ainsi bien malgré elle au cœur d'un champ de bataille qui la dépasse... Prise en otage en quelque sorte.

Nos forêts et l'écologie en général, méritent mieux que cela.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 20/03/2023 à 23:39
Signaler
Vous n'avez pas publié mon commentaire qui doit certainement vous déranger, vu qu'il sape la base de l'escroquerie climatique, je le remets pour le fun : Le carbone est un élément essentiel à la vie, c'est la clef de voûte de la chimie organique. N...

le 14/04/2023 à 15:02
Signaler
je suis d'accord avec vous. La duplicité mène ce monde!

à écrit le 19/03/2023 à 18:16
Signaler
il serait temps de rétablir la peine de mort pour les responsable de ces atrocités !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.