La 5G menacée par le coronavirus  ?

OPINION. Aux yeux d'Yves Gassot, ancien directeur général du think tank Idate DigiWorld, le déploiement de la 5G, pilier de l'innovation numérique de demain, ne doit pas être oublié une fois l'épidémie passée.
Yves Gassot est l'ancien ancien directeur général du think tank Idate DigiWorld, spéicialisé dans le numérique et les télécoms.
Yves Gassot est l'ancien ancien directeur général du think tank Idate DigiWorld, spéicialisé dans le numérique et les télécoms. (Crédits : DR)

Tout le monde parait s'entendre pour souligner que lorsque nous serons sortis de la pandémie, le cours des choses ne devra pas repartir comme avant. Certains n'hésitent pas à remettre en cause le sens du déploiement de la 5G. Il est peu probable que la fake-news rendant les ondes de la 5G responsables de la création et propagation du Covid-19 ait trompé beaucoup de monde, même si elle a coïncidé avec la destruction répétée d'antennes 5G à Londres. Plus sérieusement, on trouve dans les opposants ceux qui craignent les conséquences de cette technologie pour leur santé, bien qu'aucune étude n'ait conclu sur ces dangers (cf. le tout récent rapport de la Commission internationale de protection contre les rayonnements non-ionisants  (ICNIRP)). C'est à ce titre que plusieurs cantons suisses viennent de voter un moratoire pour suspendre le déploiement de la 5G. D'autres voient dans la 5G un vecteur efficace pour consommer toujours plus d'énergie. Il faudra certainement un travail sérieux de dialogues et d'explication sur ces sujets.

La 5G, plus de bits d'information pour moins d'énergie

Précisons sur la question de l'énergie, qui parait avoir retenu l'attention des membres de la Convention nationale pour le climat, que si les premières stations 5G peuvent consommer effectivement plus que les 4G, les progrès des antennes, par focalisation des émetteurs (antennes dites massivement MIMO), par l'intégration de l'électronique, par des dispositifs de mise en veille, devraient très rapidement permettre d'économiser plus de 50% de l'énergie pour une bande passante (débit et capacité) cinq fois plus élevée. Bien sûr, cette efficacité énergétique (bits/unité d'énergie) peut se trouver annihiler par la poursuite de l'intensification des usages, pour des applications parfois malsaines ou médiocres, ou l'augmentation sans limite de la définition des images. Il y a donc place pour une certaine éducation des usages, mais ne caricaturons pas.

En 2008 nous n'avions pas la 4G

Pensons aux progrès réalisés ces dernières années. Ils permettent au coordinateur des services d'urgence et d'aide à domicile, au télétravailleur, au livreur de e-commerce, au grand-père qui aide son petit à distance dans ses devoirs... de disposer d'outils qui n'existaient pas lors de la crise de 2008 (par exemple, la 4G).

Les opérateurs, mobilisés présentement sur la maintenance de leurs réseaux, doivent donc à la fois rester conscients des craintes exprimées sur leurs technologies, prendre des engagements sur la diminution de leur consommation carbonnée et leur respect de la privacy, tout en poursuivant avec leurs partenaires les déploiements de la fibre, en amorçant celui de la 5G et en complétant le réseau de la 4G. Et ce, dans un contexte où du retard aura été accumulé durant la pandémie et où les contraintes sur les budgets d'investissement restent fortes.

Recréer un leadership européen dans le numérique

Enfin, les réflexions engagées en France et en Europe sur la ré-évaluation de la géographie de nos chaines de valeur dans le domaine de la santé (équipements, médicaments) nous paraissent aussi se rapprocher du débat amorcé autour des risques de différentes natures associées à une dépendance trop forte des opérateurs vis-à-vis de Huawei dans le domaine des équipements télécoms ou des grandes plateformes de l'Internet. La 5G peut en fournir l'occasion car ce n'est pas qu'un tuyau plus gros. La définition par étape de ce standard sert aussi de rendez-vous pour accélérer la virtualisation des réseaux, qui devrait donner plus de flexibilité aux opérateurs dans le pilotage de leurs services, répondre aux besoins de la nouvelle industrie, mais aussi apporter plus d'options dans le choix de leurs fournisseurs. C'est l'occasion pour les opérateurs européens, non seulement de soutenir nos champions Ericsson et Nokia, mais aussi de les doter d'un écosystème de nouvelles firmes innovantes dans le domaine du matériel et du logiciel. Au risque d'être un peu schématique, disons que l'enjeu est également d'éviter que les réseaux et services de communication ne tendent à être des infrastructures sans valeur ajoutée pilotées par les clouds des GAFAM.

En conclusion, il va certes falloir faire des choix qui donnent une priorité plus claire aux budgets dans la santé, la transition énergétique et écologique, l'enseignement et la recherche, mais cela ne doit certainement pas se faire au détriment de l'innovation numérique. Celle-ci peut et doit bien au contraire être gérée comme un atout au service d'une société plus résiliente et plus juste.

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Commentaires 11
à écrit le 29/04/2020 à 11:27
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Pas d'inquiétude pour Digiworld et sa 5G : l’ordonnance n°2020-320 a été prise le 25 mars dernier . Elle permet, dans le cadre de la loi d'urgence sanitaire du 23/3, de "simplifier " les procédures d'implantation des nouvelles antennes relais (inform...

à écrit le 28/04/2020 à 20:34
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Article biaisé.. La 5G est dangereuse.

à écrit le 28/04/2020 à 20:18
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la 4G n'est même pas déployée partout et certaines zones baptisées "4G" sont plutôt 3G voire 2G on se moque de qui ? par ailleurs le câble avec ses choix technologiques dépassés offre un boulevard à la 5G (hertzienne) ! vivement la 6G et même la 7G ...

à écrit le 28/04/2020 à 14:23
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J’ai du 4 G et de la fibre ; J’envisage de réduire mes débits dès que possibles : je suis passé au 3G ( comme dans les hôpitaux) et pour internet , faut que je trouve une autre solution que l’abonnement, peut être une clé , genre nomade « rechargeab...

à écrit le 28/04/2020 à 13:48
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La 5G pilier de l’innovation numérique...? C’est une petite avancée technique au lourdes conséquences environnementales ! Le plus important c'est d'abord de finir correctement le déploiement de la 4G partout et dont la vitesse peut atteindre 300.Mbts...

le 28/04/2020 à 23:10
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L'Etat Cigale y tient pour une autre raison : les enchères de lots de fréquences quelques milliards d'eur à rentrer et à dilapider aussitot comme pour 2G 3G 4G et 6G après les tumeurs mortelles ensuite, il s'en fout

à écrit le 28/04/2020 à 12:48
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la 5G je trouve ca pas mal pour pas mal de domaines !

à écrit le 28/04/2020 à 11:57
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Et Alors ! La vente virtuelle de fréquences 2G 3G 4G Ramènent à chaque fois 3-4 milliards d'eur, aussitot englouties-dilapidées en dépenses publiques supp Comme les 20 milliards d'eur/An de redress fiscaux : dépenses publiques supp Les 3875 ...

le 29/04/2020 à 9:47
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Donc, si je vous comprends bien, il faut enfermer Roux de Bezieux et du Mesnil qui réclament l'aide de l'état et la continuation des mesures de chômage partiel. Privatisation des profits et mutualisation des pertes. Ah, les néolibéraux et leur défini...

le 29/04/2020 à 10:03
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C'est vrai ça ! Tout ce pognon de dingue pour maintenant en vie des vieux, des handicapés, des feignasses de chômeurs qui l'ont bien cherchė. Bref, des boulets qui coûtent trop cher et ne rapportent rien. Adolf, Joseph et les autres avaient exactemen...

à écrit le 28/04/2020 à 10:18
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Combien de micros-ondes allons nous devoir encaisser avec la 5G ? IL serait temps de réveiller tous, la cupidité n'est pas un sens de la vie c'est une pathologie, les êtres cupides sont des êtres malades.

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