La confiance, condition sine qua non de la compétitivité dans le BTP

Réduire les coûts de construction nécessite que l'ensemble des acteurs travaillent en transparence, en bonne intelligence et le plus en amont possible pour résoudre les problèmes et non les complexifier en se perdant dans des débats contractuels destructeurs de valeur. Un cadre adéquat est celui des contrats de partenariats. Par Jérôme Stubler, président de VINCI Construction.
Jérôme Stubler.
Jérôme Stubler. (Crédits : DR)

Depuis plus de 30 ans, partout dans le monde, le coût de la construction augmente, laissant supposer une perte de compétitivité. Or la productivité sur les chantiers a considérablement progressé avec des rendements qui ont crû de 50% à 200% en 20 ans. Mais si les méthodes de travail se sont modernisées, la confiance entre les acteurs des projets a reculé. Conséquence : le nombre de professionnels encadrant et contrôlant les chantiers a lui été multiplié par un facteur allant de deux à cinq.

Le BTP représente 6% du PIB

En France, la construction est un secteur économique de premier plan et nous avons la chance d'avoir de véritables champions internationaux. Selon l'Insee, le secteur représente environ 6% du PIB. Et cette activité se développe, tirée en avant par de nombreuses innovations engendrant de plus en plus de gains de productivité : nouvelles machines, drones, impression 3D, Building Information Modeling, digitalisation...

Un secteur dynamique, des innovations en marche, des champions français : la prochaine étape, fondamentale pour augmenter la compétitivité, repose sur la confiance entre les acteurs de la construction et la nécessaire optimisation des contrôles.

Une impulsion salutaire

Un problème auquel notre gouvernement s'attaque : le 27 novembre 2017 a été présenté un projet de loi « pour un État au service d'une société de confiance. » Parmi les objectifs : permettre aux maîtres d'ouvrages, au lieu d'appliquer des règles à la lettre, parfois multiples et contradictoires, de s'appuyer sur leur fondement sous réserve d'obtenir le résultat attendu. Une impulsion salutaire tant elle pourrait libérer les énergies créatrices, optimiser les projets et être la première pierre à la constitution d'un écosystème de confiance entre clients, organisme de contrôle et fournisseurs.

Mais il faut aller plus loin. Les projets de construction sont gérés par trois acteurs : le maître d'ouvrage finance l'objet construit sur lequel il a un pouvoir décisionnel et opérationnel ; il est assisté du maître d'œuvre, qui conçoit l'ouvrage et en surveille la construction. Et enfin l'entreprise, qui a un rôle de constructeur et dans certains cas de concepteur. Réduire les coûts de construction nécessite que ces trois acteurs travaillent en transparence, en bonne intelligence et le plus en amont possible pour résoudre les problèmes et non les complexifier en se perdant dans des débats contractuels destructeurs de valeur. C'est possible en s'appuyant sur des contrats tournés vers le respect des objectifs globaux plutôt que l'intérêt de chacun.

Les augmentations de coûts constatées sont amplifiées quand les chantiers sont éclatés entre des dizaines, parfois des centaines, de prestataires : tout est alors organisé en silos et l'intérêt à coopérer est quasiment nul.

Agir en équipe intégrée

Pour améliorer ce système, devenu parfois absurde, la meilleure méthode consiste à décider rapidement, en agissant en équipe intégrée. Cette intégration instaurera un contrat de confiance entre le public et le privé, mais aussi entre les entreprises elles-mêmes.

À l'heure où les contrôles diluent les responsabilités, optons pour des relations modernes et agiles ! Lorsque l'on construit un avion ou une voiture, le client final ou son représentant arrête-t-il la production deux cents fois pour des contrôles ? Inimaginable. L'entreprise est responsabilisée pour obtenir le meilleur résultat final. C'est ce qui est fait dans le cadre des contrats de partenariats, qui sont encore trop peu utilisés. Cette philosophie pourrait permettre, à terme, d'augmenter très significativement la compétitivité-coût ainsi que la qualité des constructions.

Le gouvernement a amorcé une démarche positive, accélérons-là en mettant en place un écosystème client-prestataire, public-privé, soudé et uni pour faciliter la prise de décision, amortir les aléas techniques et optimiser les budgets.

C'est ainsi que nous parviendrons à véritablement accélérer la construction de logements, la rénovation énergétique des bâtiments et la modernisation des infrastructures en France.

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Commentaires 2
à écrit le 13/03/2018 à 7:43
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La solution consisterait à appliquer la note n°6 du CAE, en répartissant les charges sociales sur le travail et sur la consommation d'énergie. Mais les Français refusent d'appliquer cette note n°6 car cela augmenterait le prix de l'énergie sans arriv...

à écrit le 12/03/2018 à 20:15
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Il faudrait «  une certification européenne pour les Maitres d’Ouvrage » avec un contrôle scrupuleux. Vous avez des Maitres d’ouvrages qui font «  des prix » pas cher par rapport au marché et présente «  une certification » des pays de l’Est , sans ...

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