Retour prudent vers les actifs risqués

Les placements sans risque, grands gagnants de 2008, ont perdu de leur attrait avec les baisses de taux drastiques des banques centrales américaines et européennes. En 2009, il ne faudra pas espérer dépasser les 2 % de rendement sur les meilleures Sicav de trésorerie de la zone euro. Les investisseurs rechignent pourtant à abandonner les marchés monétaires et autres emprunts d'État, réputés sans risques. À tel point que, « sur le marché secondaire, les dernières émissions de dette à 3 mois par le Trésor américain ont parfois offert une rémunération nulle, voire négative début décembre », souligne Bernard Aybran, directeur de la Multigestion chez Invesco. Un exemple qui montre jusqu'où peut aller le pessimisme qui domine les marchés. La conséquence en est le maintien d'une prime de risque à des niveaux exceptionnels sur des actifs qui, en temps normal, inspireraient confiance aux investisseurs. Ainsi, « les émetteurs privés de qualité, classés "investment grade‿, empruntent à des taux supérieurs de 5,5 % aux obligations d'État, alors que, lors des pics précédents, ces écarts atteignaient à peine 2 % à 3 % », explique Denis Panel, responsable du pôle gestions structurées et indicielles chez BNP PAM. Même chose du côté des actions avec des valorisations en berne pour des entreprises saines, solides et généreuses en matière de dividendes. C'est donc probablement le moment de remettre une dose de risque dans votre portefeuille et de saisir ces opportunités quitte à faire le dos rond dans les prochains mois. « On peut refuser d'investir en actions aux niveaux actuels. Mais il faut savoir qu'on pourrait ne pas retrouver des conditions plus favorables dans un avenir proche », prévient Bernard Aybran. Dans un contexte volatil et sinistré, mieux vaut tout de même y aller graduellement et éviter les actifs les plus risqués. « En 2009, il sera sans doute un peu tôt pour des paris spécifiques comme les small caps, les matières premières ou les actions émergentes », prévoit Grégory Molinaro, gérant chez CPR AM.   *********** FLASH INTERVIEW de Jean-François Hennion, Directeur général délégué au développement de La Française des Placements. Quel scénario économique prévoyez-vous pour l'année prochaine ? Nous tablons sur une récession économique mondiale, ce qui n'a rien d'extraordinaire après les huit années de croissance que nous avons connues. Mais, en raison du grippage des marchés de crédit, qui pénalise les entreprises, et de la crise de l'immobilier, qui pèse sur les ménages, cette récession risque d'être sévère. Comment se présente 2009 pour les épargnants ? Mieux que 2008 car, après le krach, les marchés sont aujourd'hui à des niveaux de valorisation très bas. C'est donc une période idéale pour se constituer un patrimoine en Bourse à moyen et long terme. Les particuliers peuvent également s'intéresser aux obligations, via des fonds pour minorer le risque. Cette année, ce sont les obligations convertibles qui devraient tirer leur épingle du jeu, car elles profiteront à la fois d'une détente sur le marché du crédit et d'un rebond de la Bourse. Nous sommes également très positifs sur les obligations indexées sur l'inflation. Beaucoup ont été émises en tenant compte des prévisions de hausse des prix élevées pour 2009. Or la récession devrait très fortement minorer la flambée des prix, et donc rendre la prime de ces titres très attrayante.
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