La lourde facture de la dépendance

Les personnes dépendantes ont sorti 10 milliards d'euros de leur poche l'an dernier. Les 5ème rencontres parlementaires de la dépendance se sont tenues mardi.
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Au moment où, dans la perspective de la réforme de la dépendance, chacun s'interroge sur le partage des rôles à venir entre le public et le privé dans le financement de ce cinquième risque, voilà un chiffre qui devrait être commenté. Les personnes dépendantes et leurs familles ont déboursé 10 milliards d'euros en 2010 pour sa prise en charge, selon un document provisoire de l'un des quatre groupes de travail ministériels qui travaillent sur le dossier. Dans son « point d'étape » du 14 avril, le ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale soulignait que, concernant l'hébergement en particulier, 70 % des dépenses étaient assurées par du financement privé, donnant lieu à une dépense moyenne « élevée » de 1.500 euros par mois pour les familles.

Dans le même temps, près de 24 milliards d'euros ont été dépensés en 2010 par les pouvoirs publics, rapporte le document du groupe de travail. Une « hypothèse haute » évalue cette somme à 34 milliards d'euros, dont 9 milliards pour la perte d'autonomie, 15 milliards pour les soins et 10 milliards pour l'hébergement. L'une des questions est donc de savoir qui financera les 8 à 10 milliards d'euros qui manqueront chaque année d'ici à 2030.

La semaine passée, un collectif d'associations, de syndicats et de partis de gauche (Attac, Solidaires, PCF, entre autres) a appelé à une prise en charge intégrale « par la solidarité nationale et la Sécurité sociale ». Pour sa part, le gouvernement a depuis longtemps exprimé sa préférence pour un système mêlant financement public et encouragements à la souscription d'assurances privées. Le Medef, qui a dévoilé ses propositions le 11 avril, défend l'idée d'un socle de couverture pour les plus démunis et d'une assurance obligatoire individuelle pour les autres. Pourtant, 57 % des Français sont opposés à l'instauration d'une assurance privée obligatoire, selon un sondage CSA pour la Fédération nationale des sociétés d'assurance (FFSA).

Par ailleurs, les assurances actuelles croulent sous les critiques. Un autre document de l'un des groupes de travail a pointé du doigt l'absence de « transparence et de protection » qu'elles offrent au consommateur. Construits sur le modèle des contrats automobile ou habitation, elles « n'offrent aucune garantie juridique », a rappelé Pierre Khalfa, du syndicat Solidaires, car l'assureur peut interrompre chaque année le contrat, même si son souscripteur a cotisé pendant trente ans.

Aujourd'hui, 5,5 millions de Français sont couverts par ces contrats, selon la FFSA. Dénonçant leurs dysfonctionnements (montants de cotisation et de rente inégaux, délais de carence importants, critères restrictifs d'évaluation de la dépendance), UFC-Que choisir estime que seulement 1,5 à 2 millions de personnes bénéficient de garanties réelles, soit 10% de la population en âge de souscrire. Ce qui laisse une marge importante de progression pour les mutuelles et les organismes de prévoyance, qui rêvent d'entrer dans la boucle du financement du cinquième risque.

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