Les clients des banques sont de moins en moins fidèles

La multibancarisation des particuliers masque une réelle volatilité des clients qui augmente les coûts et plombe la rentabilité.
Copyright Reuters

Contrairement à une idée reçue, les Français ne sont plus si fidèles à leur banque. Depuis dix ans, le taux d'attrition (pertes de clients) a augmenté de 4 à 7 %, un phénomène lié notamment à l'apparition des premiers courtiers en ligne moins contraignants qu'une banque classique. Ce niveau semble encore modeste, surtout lorsqu'on constate, en parallèle, que 70 % des Français n'ont encore jamais changé de banque. Or ces chiffres sont trompeurs, car « aller d'une banque à l'autre sans en quitter aucune, pourrait bien être devenu l'un des passe-temps favoris des Français », estime une étude réalisée par le cabinet Compass Management Consulting.

Ainsi, 40 % des Français ont un compte dans au moins deux banques et un tiers dans plus de deux. Les six principaux groupes bancaires tricolores qui font l'objet de l'enquête de Compass MC revendiquent, à eux seuls, plus de 100 millions de clients particuliers !

Contexte réglementaire

Actuellement, 98 % des Français sont bancarisés (titulaire d'un compte bancaire au moins), 90 % des plus de 16 ans ont une carte de paiement, et 87 % un carnet de chèques. « Au vu de tels chiffres, il semblerait plus juste de parler de deux tiers de Français multi-bancarisés », indique Guillaume Almeras, l'auteur de l'étude.

Cette multiplication des comptes en banques serait en partie due au contexte réglementaire qui incite les banques à se lancer dans une course aux dépôts avec un effet négatif sur la profitabilité qui s'est tassée. Alors que le produit net bancaire a presque quadruplé en dix ans pour des groupes comme BNP Paribas ou Crédit Agricolegricole, la rentabilité n'est pas au rendez-vous. Entre 2001 et 2010, les coefficients d'exploitation (charges d'exploitation rapportées au produit net bancaire) des six principales banques françaises n'ont en effet que faiblement diminué et restent élevés. Pour BNP Paribas par exemple, ce ratio est passé de 62,7 % à 60,4 %.

Le phénomène de multibancarisation diminue le taux de rentabilité par client et peut expliquer la difficulté des banques à réduire leur coefficient d'exploitation. La moitié des nouveaux comptes ouverts auraient d'ailleurs une contribution négative, selon Compass MC. Au total, seulement 20 % à 40 % de la clientèle de particuliers seraient rentables. « Les banques ciblent un client moyen, qui correspond à une clientèle très vaste, à laquelle elles distribuent les mêmes produits pratiquement aux mêmes tarifs. Elles se retrouvent ainsi à investir et à recruter massivement pour développer des offres très concurrencées et des outils sous-utilisés », explique l'étude de Compass MC.

La clientèle aisée n'est pas la plus rentable

En voulant augmenter la rentabilité unitaire des comptes, les banques se sont pendant longtemps focalisées sur une clientèle plutôt aisée. Or, ce segment est très demandeur de services assez coûteux pour les agences. Les 25 % des clients dits « actifs » que comptent les banques disposent, en général, de revenus conséquents et utilisent tous les canaux de communication mis à leur disposition. Ils rencontrent leurs conseillers, suivent leurs comptes sur internet, souhaitent recevoir des SMS et apprécient les commodités d'un centre d'appel pour des opérations simples.

De plus, « la France se caractérise par une importante marge de manoeuvre dans la négociation des conditions bancaires et les riches sont les mieux armés pour obtenir un contrat attractif », indique Guillaume Almaras, directeur du secteur banques de Compass MC, Morale de l'histoire : « les banques ne doivent pas négliger les clients moins aisés, prévient Guillaume Almaras, ils ont un flux régulier de revenus et n'exigent qu'un relevé de compte tous les trois mois !».

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.