Des encours élevés pour les banques françaises

Les initiatives marketing pour collecter des dépôts se multiplient en France. Plusieurs banques affichent un taux de croissance à deux chiffres de leurs encours.
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La déconfiture financière de la banque britannique Northern Rock en 2007 a laissé des traces. Le « bank run » (course aux guichets) qui a frappé tous les esprits - c'était la première fois depuis les années 1930 qu'une menace de panique bancaire se produisait en Occident - a été provoqué par la fragilité de cette banque, qui ne refinançait qu'une faible partie de ses prêts par les dépôts de sa propre clientèle (75 % de ses ressources étaient externes).

Marqué par cet événement, le Comité de Bâle a instauré des ratios de liquidités beaucoup plus stricts. À partir de 2015, les crédits devront donc être couverts par davantage de ressources. Du coup, si elles veulent respecter ces futurs ratios, deux solutions se présentent aux banques : « Avec des niveaux de crédits constants, elles devront collecter plus de dépôts ; avec des niveaux d'épargne constants, elles devront accorder moins de crédits », explique Olivier Arroua, cofondateur de Selenis, un cabinet de conseil spécialisé dans la banque.

Les établissements bancaires ont vite fait leurs calculs et se ruent donc en premier lieu vers l'épargne des citoyens. En France, les effets se font déjà sentir. La collecte de dépôts comptabilisables dans leur bilan se porte bien : selon les derniers chiffres de la Banque de France, les dépôts à vue ont augmenté de 5 % à 557,7 milliards en juillet 2011 par rapport à juillet 2010.

Virage stratégique

Les banques françaises ont pour la plupart annoncé, lors de leurs résultats semestriels, une collecte d'épargne de bilan en forte hausse : + 10,5 % à la fin juin 2011 par rapport à fin juin 2010 pour BNP Paribas à 113 milliards d'euros, + 9,1 % pour le groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d'Épargne) qui n'a pas communiqué de montant, + 10 % pour Société Généralecute; Générale à 136,1 milliards d'euros, + 5 % pour Crédit Agricolegricole à 301,7 milliards et + 27,3 % pour Crédit Mutuel-CIC à 182,7 milliards d'euros. Pour collecter encore plus de dépôts, les banques engagent un virage stratégique en misant sur leurs activités commerciales et en multipliant les initiatives marketing : « Il y a une recrudescence des initiatives marketing des banques pour inciter les clients à augmenter leurs dépôts, matérialisée par la multiplication des offres sur l'épargne de bilan. Comme les livrets à taux boostés ou avec cadeau à l'entrée, couplés avec les livrets A ou de développement durable (LDD) », lance Jean-Fabrice Feuillet, associé au sein du cabinet Kurt Salmon.

La course aux dépôts s'est aussi lancée sur Internet, notamment pour capturer les jeunes, vivier de nouveaux développements, par l'intermédiaire des réseaux sociaux. Les banques lorgnent également les dépôts des associations, peu consommatrices de crédits. « Un des avantages de ce marché, c'est qu'il génère beaucoup de dépôts, ce qui est forcément attractif dans le contexte actuel de demande de liquidités de court terme », affirmait Laurent Goutard, directeur du réseau France de Société Généralecute; Générale, en mai dernier. Mais tous ces efforts pourraient être vains tant les ratios de liquidités, qui devraient selon toute vraisemblance être débattus d'ici à 2015, demandent un niveau élevé de ressources pour couvrir les crédits selon les banques.

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