Plus que jamais les investisseurs affichent leur manque de confiance

L'écart de rendement entre les actions et les obligations d'entreprises atteint des sommets en faveur des premières. Et pourtant leur valorisation est loin de le refléter.
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L'aversion des investisseurs pour le risque associé au compartiment des actions a rarement été aussi forte. Du moins si l'on se réfère à la façon dont le marché valorise la capacité des entreprises à verser des dividendes. En la matière, le manque de confiance règne.

Selon les données fournies par Bloomberg, le CAC 40 afficherait un taux de rendement de 5,3 %, soit 260 points de base de plus que celui de l'OAT à 10 ans. Du jamais-vu depuis la création de l'indice vedette de la Bourse de Paris en 1987. Cette prime est d'ailleurs supérieure de 420 points à la moyenne constatée entre le taux de coupon des emprunts d'État, qui, à l'inverse d'aujourd'hui est historiquement plus rémunérateur à hauteur de 160 points de base, et la rémunération des actions du CAC 40 basée sur les prévisions de dividendes futurs. Plus représentatifs, les écarts de rendements entre les taux de coupon des actions et ceux des obligations d'entreprises, sont tout aussi historiques. Le fossé dépasse les 50 points de base entre l'indice Barclays Capital Pan- European Agregate Corporate et le rendement des dividendes du DJ Stoxx en faveur de ce dernier. Une première !

« Il s'agit d'une anomalie de marché accentuée par la crise des dettes souveraines », considère Oliver Pfeil, gérant chez DWS. Ce dernier rappelle qu'historiquement, le dividende contribue à 40 % du retour sur investissement total constaté sur les marchés d'actions. Le décalage exceptionnel de perception des investisseurs à l'égard, d'une part des marchés boursiers, et, d'autre part, du marché obligataire, donne lieu à des excès susceptibles d'être corrigés. Comme lorsque France Télécome;lécom a progressé, à l'issue de la séance du 8 septembre dernier, deux fois plus vite que le CAC 40 après avoir annoncé l'émission d'une ligne obligataire de maturité 10 ans à 4,125 %, faisant ressortir un écart de rendement de 717 points de base par rapport au rendement de plus de 11 % de l'action. « Le groupe s'est engagé sur une hausse du dividende l'an prochain et ce malgré un repli attendu de 25 % de ses résultats cette année », soulignent les équipes de gestion de Groupama.

D'ailleurs, selon leurs calculs, les cours boursiers des opérateurs télécoms figurant dans l'indice MSCI Europe font apparaître non seulement les taux de dividendes sectoriels les plus élevés (supérieurs à 8 %), mais aussi les écarts de rendements les plus importants par rapport au taux de coupon des obligations d'entreprises associés. Sur ce dernier point, les industries des services aux collectivités et de l'assurance suivent juste derrière, avec des taux de rendements actions proches de 7 %. « Tout ce qui génère du revenu est susceptible de générer une demande forte de la part des investisseurs dans le contexte actuel », notent les experts de Groupama AM. Ainsi, les entreprises les plus généreuses avec leurs actionnaires sont-elles censées s'attirer les faveurs du marché. Dans l'idéal, sans doute. Encore faut-il que le degré d'incertitudes sur les bénéfices diminue.

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