Reprise par son ancien DG, la Chocolaterie de Bourgogne veut s'offrir une deuxième vie

Après de nombreux plans de liquidation, les fameux escargots aux pralinés créés il y a plus d’un demi-siècle par Lanvin (racheté par Nestlé), connus à travers la France, ont bien failli fondre pour de bon en 2021 avec la crise sanitaire… C’était sans compter la volonté de l’ancien directeur général qui a décidé de reprendre le fleuron à Dijon.
René Loquet, l'ancien directeur général de l'entreprise devenu repreneur avec un industriel des Escargots en chocolat made in Bourgogne.
René Loquet, l'ancien directeur général de l'entreprise devenu repreneur avec un industriel des Escargots en chocolat made in Bourgogne. (Crédits : Chocolaterie de Bourgogne)

Octobre 2021 : 3.000 clients en trois jours viennent s'approvisionner en escargots de Bourgogne, devant la boutique de l'atelier à Dijon, suite à l'annonce de la liquidation de la fameuse Chocolaterie de Bourgogne. Face à ce succès, René Loquet, l'ancien directeur général de l'entreprise de 2018 à 2021, s'interroge : « c'est dur de perdre une usine, un produit implanté qui est là depuis plus d'un demi-siècle, une marque forte, des clients locaux qui tiennent à cette marque... » De cette réflexion, lui vient alors l'idée de créer une petite usine à taille humaine, en circuit court, pour son compte propre.

Durant un an, l'entrepreneur s'attèle à chercher un repreneur pour le site qui s'étend sur 60.000 m2 dans la zone de Dijon Cap Nord, afin qu'il ne termine pas en friche industrielle. Dans un coin de sa tête, il garde l'idée que, peut-être, il y aurait une place pour lui, plus petite bien sûr, car il n'envisage pas le même modèle économique que ses prédécesseurs. Lui, ce qu'il imagine, c'est un modèle local, pour y mettre une petite unité de production et reproduire les fameux escargots. Marx Invest et June Opportunity, un fond dédié à la rénovation urbaine géré par la société d'investissements immobiliers June Reim, finit par racheter le site, annonce l'entreprise lyonnaise sur Linkedin il y a quatre mois.

Dans un premier temps, René Loquet propose d'en louer 1.000 m2 pour y installer son atelier de fabrication. Puis, par la suite, une deuxième parcelle à déterminer entre 1000 et 2000 m2. À peine un an plus tard, le 22 septembre, la boutique de l'usine est réouverte au public. « Le premier jour, nous avons vendu 65.000 unités dans 70 m², soit environ une tonne d'escargot ! », s'exclame-t-il. Pari réussi avec une équipe de sept personnes, tous d'anciens collaborateurs du chef d'entreprise.

Le challenge est de garder un produit de qualité où il y a une très forte complexité dans l'emballage individuel aluminium

« Un produit de qualité et populaire »

Le modèle économique précédent n'avait pas fonctionné, pour des raisons structurelles : le site de 60.000 m2 était surdimensionné par rapport à la production. « Rien qu'en énergie, la facture s'élevait à plus d'un million par an. Si nous avions gardé les locaux, la facture aurait été multiplié par quatre ! », souligne René Loquet. Mais également conjoncturelle avec l'arrivée du Covid qui n'a pas permis la mise en place d'un plan de relance adéquate.

Désormais, l'entrepreneur envisage un modèle plus artisanal avec des chocolats au beurre de cacao, sans huile ou de graisse de palme, ni conservateurs. « Le challenge est de garder un produit de qualité où il y a une très forte complexité dans l'emballage individuel aluminium. C'est une technique très dure à obtenir à un prix accessible au plus grand nombre. Or, je veux garder l'esprit populaire de cette boutique », confie René Loquet. Ce dernier précise que sur le marché actuel, les consommateurs ont le choix entre les chocolats à 10 euros le kilo en grande distribution ou les petits chocolatiers, qui se situe entre 80 et 100 euros le kilo. Entre les deux, il existe toujours les chocolats Lanvin - le créateur des escargots en chocolat racheté par Nestlé et fabriqués en Suisse -, autour de 50 euros le kilo. La Chocolaterie de Bourgogne a fait le choix de rester entre 20 et 30 euros le kilo.

Actuellement, la chocolaterie vit sa deuxième étape dans le plan de reprise : l'investissement dans une machine semi-artisanale afin de pouvoir développer des gammes de produits, avec des chocolats d'origine, ou avec des produits locaux. « Par exemple, on peut utiliser la noisette de Cazette de Bourgogne qui est dix fois plus chère, ou encore le sucre de Dijon issue de l'industrie d'Auxonne », précise le chocolatier. L'objectif est de proposer du haut de gamme disponible en boutique de centre-ville pour les touristes. L'entrepreneur envisage aussi de créer des petites séries, de niche et de réaliser des collections en fonction des saisons, avec des recettes plus fruitées l'été, par exemple. « L'idée est de faire cohabiter la recette originale (ndlr : c'est pour cela que le chef d'entreprise a réembauché des personnes qui avaient 25 ans de savoir-faire dans l'entreprise), tout en restant dans la maîtrise des coûts, et d'augmenter en gamme pour aller chercher de la valeur », précise René Loquet.

Exporter le bonbon fourré

À court termes, le chocolatier souhaite ouvrir une dizaine de boutiques dans la région.  Ensuite, son objectif est également de proposer ses services à des industriels qui ne savent pas faire de chocolat, mais plutôt des biscuits et qui souhaiteraient développer un chocolat en marque propre. Grâce à son expérience internationale et au sein de la Chocolaterie de Bourgogne, René Loquet a développé un réseau de clients et une spécialité sur le bonbon fourré, en complément de l'Escargot de Bourgogne. Certains de ses anciens clients passés dans d'autres pays souhaitent avoir des bonbons fourrés Made in France et sont prêts à le payer au juste prix : « Je vais mettre toutes mes ressources dans la spécialisation du bonbon fourré car c'est un produit qui a une vraie plus-value dans la chaîne de valeur »

Pour cela, la troisième étape de la reprise sera d'investir dans une machine plus importante pour permettre de faire de l'export en Europe, au Moyen-Orient et au Japon et d'être sous-traitant pour d'autres industriels sur la spécialité du bonbon fourré. Au total, sur trois ans, la reprise d'entreprise devrait coûter à l'entrepreneur 1,5 million d'euros. Ce dernier a déjà mis 500.000 euros en nom propre.  Pour la première année, le chef d'entreprise vise une production de 150 tonnes d'unités. Son objectif est d'atteindre entre 300 et 500 tonnes par an. « En dessous de 300 tonnes, ce n'est pas réaliste », assure-t-il.

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