Le Grand Paris a-t-il la carrure d'une métropole ?

Pour Claude Bartolone, le projet du Grand Paris avance trop lentement. L'économiste et élu parisien Christian Saint-Etienne estime quant à lui que la gouvernance du Grand Paris nuit à ses ambitions de métropole et peut même nuire à l'efficacité de son développement économique.
"Il ne faut pas un objet séparé, il faut une boussole pour construire l'identité du Grand Paris et une dynamique pour donner un sens au projet", estime Claude Bartolone.

Le Grand Paris, projet qui s'étend jusqu'en 2030, a pour ambition d"'améliorer le cadre de vie des habitants, à corriger les inégalités territoriales et à construire une ville durable". Mais il suscite de nombreuses interrogations quant à sa capacité à devenir une vraie métropole dans sa structure.

Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, candidat aux élections régionales en île-de-France, s'est montré enthousiaste sur l'apport de la candidature aux JO 2024 pour booster le développement du Grand Paris, lors de la matinale Hub du Grand Paris, organisée par La Tribune, vendredi 11 septembre. Parlant devant un parterre d'économistes, au sein des locaux de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), il a néanmoins fait part de quelques doutes sur le projet du Grand Paris.

"Les 70.000 logements construits par an, le développement des lignes de transport, la vallée de la Seine et le Port de Paris au Havre, ce n'est pas une fin en soi. Il ne faut pas un objet séparé, il faut une boussole pour construire l'identité du Grand Paris et une dynamique pour donner un sens au projet pour que tous les Franciliens se l'approprient. Aujourd'hui, c'est trop lent, trop lointain et trop technocratique pour que les Franciliens s'y reconnaissent. Il manque un liant pour relancer cette dynamique les JO pourront jouer ce rôle d'élément déclencheur fédérateur."

Pas de "colonne vertébrale"

L'économiste et conseiller de Paris, Christian Saint-Etienne, également invité lors de cette matinale Hub, s'est montré encore plus tranchant dans ses propos. Pour lui, le Grand Paris ne fait pas figure de métropole. Le projet présenté "est la moitié du Grand Paris potentiel avec 6 millions d'habitants contre 11 possible", assène-t-il.

"Il n'y a pas d'autorité du  Grand Paris comme l'autorité du Grand Londres. Les trois responsabilités (Développement économique, du logement et du transport, NDLR). sont éclatés. [...] Cette métropole réduite aux acquêts aura beaucoup de ses responsabilités distribuées à plusieurs territoires. C'est une métropole sans colonne vertébrale.

Or, avec ce que représente économiquement le Grand Paris, cela sonne comme un gâchis pour l'économiste. La zone représente "30 point de PIB de la France et 23%de ses revenus", rappelle-t-il.

"Pour une métropole compétitive qui tire le territoire, il faut réapprendre à investir dans des zones denses plutôt que non denses sans abandonner les autres territoires", en référence, préconise le membre de l'UDI.

 Et de rajouter:"Il faut repenser le territoire dans le cadre de la métropolisation. L'îÎe-de-France et le Grand Paris sont un moteur économique de la France à l'arrêt depuis une dizaine d'années. Si on veut doubler la croissance française pour la faire passer à 2%, il faut que celle du Grand paris atteigne 3%". Pour y parvenir, il est nécessaire de "favoriser le développement économique et industriel, tenir l'objectif des 70. 000 logements par an et créer sous 18 mois une autorité du Grand Paris", conclut Christian Saint-Etienne.

L'exemple d'Aix-en-Provence-Marseille

Pour Christian Saint-Etienne, le vrai "laboratoire accélérateur" en France est Aix-Provence-Marseille. La métropole du sud, qui sera créée le 1er janvier prochain, "deviendra la première grande métropole de France", avec ses 18 communes intégrées, suivie de celle de Lyon, estime-t-il. Dans un rapport, l'OCDE soulignait que la croissance de l'emploi d'Aix-Marseille "la classe au 2ème rang des métropoles européennes".

Selon lui, les deux villes du sud de la France sont "deux vraies grandes métropoles qui se mettent en place". Il s'appuie sur la base des travaux de lOCDE, pour rappeler que "les villes qui s'organisent pour que le transport, le logement et le développement économique soient dans les mêmes mains ont une croissance par habitant deux fois plus rapide".

"Rattrapé par les petits égoïsmes"

Sur cette question de la gouvernance, Claude Bartolone a acquiescé. Il a rappelé qu'en tant que président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis entre 2008 et 2012, il avait proposé la suppression des département d'Île-de-France. "Ce dossier de la régionalisation de la Métropole se reposera. C'est le seul moyen d'éviter la division entre Paris intramuros et la grande Couronne."

Et de renchérir: "Lorsqu'on a introduit cette idée de la métropole parisienne par amendement à l'Assemblée nationale, il y avait une ambition. On a été rattrapé par les petits égoïsmes. [...] Il n'y a "plus la péréquation" et "lorsque vous voyez les montées et les descentes obligatoires, on va avoir en terme de développement économique une disponibilité de 400 millions d'euros pour le développement économique dans financement du Grand Paris", se plaint-il. C'est "une couche supplémentaire dans le mille-feuille."

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Commentaire 1
à écrit le 15/09/2015 à 17:35
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Une métropole parisienne est elle bien utile ? vouloir concentrer à tout prix 20% de la population autour de Paris dans le seul but d'avoir une taille comparable aux autres grandes capitales .Est ce bien judicieux en terme de qualité de vie , de déve...

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