Dans la nuit de Jérusalem, les candélabres Mikado de Technilum veillent désormais sur la Porte de Jaffa, ouverte par l'empereur ottoman « Soliman le magnifique » au XVIe siècle. À l'angle de cette porte, David Lévy, fabriquant de pralines, a définitivement remisé le projecteur multicolore qui illuminait son modeste établissement de confiseries artisanales. « La lumière est venue », dit-il. Comme une heureuse bénédiction pour éclairer les sentiers des touristes dans le labyrinthe de la cité historique. Les autorités de la ville souhaitent en effet développer le tourisme nocturne dans la vieille ville aux allures de capharnaüm, initiative impossible sans cette mise en lumière.

Du sur mesure

« Il fallait rendre à Jérusalem un écrin d'obscurité, caresser les pierres et redonner à la ville son caractère doré et céleste », explique avec passion Roger Narboni, concepteur de renommée internationale, auteur du plan de mise en lumière du site urbain de Jérusalem. Pour l'enceinte historique, il a choisi les solutions avant-gardistes de Technilum : des mâts d'éclairage usinés sur mesure, sans soudure, dans les ateliers du domaine de Lézigno à Béziers. Un marché de 150 000 euros mais hautement symbolique. « Pour obtenir ce marché , nous avons traité en direct, sans appel d'offres. Nous n'avons fait aucune concession de marge ou de tarif, explique Agnès Jullian, PDG de l'entreprise familiale lancée par son père en 1971. Les points lumineux qui sont ou seront implantés ici ont fait l'objet d'une longue élaboration spécifique de la part de notre bureau d'étude. C'est de l'assemblage sur mesure, notre force principale à l'export. »

L'aluminium plutôt que l'acier

Technilum s'est lancée à l'international en 2008, et signe déjà 12,5 % de son chiffre d'affaires hors des frontières. Pour gagner chez les autres, Agnès Jullian parie sur le design urbain, la haute technologie et l'aluminium, dans un marché dominé par l'acier (à 80 %). En trois ans, la French touch de Béziers s'est imposée dans les nuits de Montréal, de Valence et de la station suédoise de sports d'hiver d'Åre éclairée en bleu pour le ski de soirée. Pour Jérusalem, Roger Narboni, grand architecte de voûtes célestes, a joué sur l'association de lumières blanches et bleues. Au lendemain du dernier réglage photométrique, le verdict tombait de la bouche des autorités de la ville.  « Nous avons décidé de doubler le plan de mise en lumière initiale : nous rajoutons deux tranches supplémentaires », a déclaré Elad Kendel, directeur du développement de la vieille ville de Jérusalem, visiblement bluffé par la première mise en lumière in situ de cette Jaffa Gate qui marque le passage entre Jérusalem Ouest, moderne et branchée, et les quartiers historiques, juif, arabe et chrétien orthodoxe.

Consécration

«Cette installation emblématique va nous ouvrir les portes d'autres marchés dans le monde, notamment en Amérique du Nord », poursuit Agnès Jullian. Le triomphe de la porte de Jaffa s'est transporté quinze jours plus tard au Salon de Francfort, rendez-vous incontournable de tous les éclairagistes du monde. « C'est pour nous une sorte de consécration, notre entrée dans le club des opérateurs mondiaux, explique Benoît Saes, le directeur commercial de Technilum. Nous avons mis dix ans pour constituer notre collection et offrir des références sérieuses à la quinzaine de nos agents installés dans le monde entier.»

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